Maroc. Vue aérienne d'Agadir et de sa magnifique baie. Marco Riss/Commons.

Posée sur la côte atlantique, Agadir séduit par sa longue plage de sable blond, un croissant lumineux de plus de dix kilomètres. Sous le soleil, le sable étincelle, tandis qu’à l’horizon se dessine la silhouette bleutée du Haut Atlas.

Marcher dans Agadir, c’est sentir le souffle de la mer et le poids de l’histoire. Sur la colline qui surplombe la ville, est écrite en arabe la devise du Maroc « Allah, al-Watan, al-Malik », (« Dieu, la patrie, le roi »).

La Kasbah d’Agadir Oufella

Maroc. La Kasbah d'Agadir Oufella offre aujourd’hui l’un des plus beaux panoramas sur la ville et l’océan. Mwintirew/Commons.
Maroc. La Kasbah d’Agadir Oufella offre aujourd’hui l’un des plus beaux panoramas sur la ville et l’océan. © Mwintirew/Commons.

Perchée sur une colline de 236 m de haut, la Kasbah était une fortification depuis 1540 : son emplacement privilégié permettait de surveiller tous les alentours. Une muraille résistante avait été érigée pour protéger aussi bien les soldats que les habitants. Ces murailles restaurées offrent aujourd’hui une vue spectaculaire sur la ville et l’océan. Monter à pied depuis la marina prend 20 minutes. Les plus intrépides arrivent à dos de chameau devant la porte de la forteresse. On croirait un décor de vacances, et pourtant chaque pierre, chaque ruelle, chaque souffle d’air porte encore la mémoire d’une nuit fatale, celle du séisme du 29 février 1960. Les murs effondrés, les poutres calcinées et les débris de tuiles forment un tapis informe sur lequel le silence est presque total.

Au pied de l’ancienne Kasbah, la ville moderne palpite. Agadir étonne par la densité de son mouvement, l’éclat de ses couleurs. La mer brille, les hôtels accueillent les voyageurs. Sur les terrasses des cafés qui longent la promenade et la marina, la vie s’épanche. Des familles marocaines, des touristes allemands ou français, tous goûtent ensemble le plaisir simple du vent salé et du poisson grillé.

Le souk El Had : l’âme de la ville

Maroc. Marchand de céramiques au souk d'Agadir. M. Lasseur.
Maroc. Marchand de céramiques au souk d’Agadir. © M. Lasseur.


Le souk El Had est l’un des marchés les plus populaires et les plus grands du Maroc. Il abrite plus de 3 000 commerces. Il se trouve en plein cœur d’Agadir et on y trouve tout : viandes, épices, tissus, meubles, chaussures, cosmétiques…
Au lever du jour, quand l’air est encore frais et que l’Atlantique envoie ses bouffées salées, le souk El Had ouvre : les volets de fer se lèvent en grincements métalliques et tout s’anime d’un coup. Les fruits roulent hors des cageots, oranges éclatantes, grenades fendues et déjà les voix s’élèvent, graves, gutturales, résonnant sous les toiles encore ombrées, tandis que les odeurs se mêlent : pain chaud, menthe fraîche, poisson, enveloppant le visiteur dans un tumulte sensuel et dense. Les marchands étalent leurs produits, et déjà l’air est saturé de parfums.
Assis sur sa caisse branlante, le marchand d’olives, ridé et patient, arrange ses fruits comme un général déployant ses troupes. Chaque geste a une lenteur ritualisée ; chaque olive tendue est une promesse silencieuse : ces montagnes sombres nourriront des familles pour quelques dirhams. Les vendeurs crient leurs prix, les épices parfument l’air et le commerce moderne s’allie à la tradition berbère. Passage de femmes, la tête dans des foulards, vendeuses d’épices entourées de pyramides de paprika et de cumin. Voici le fonctionnaire en quête de fruits secs, le touriste amusé par l’éblouissante diversité des étoffes. Ici, l’épice devient manifeste politique, le tapis, déclaration d’identité, et la poignée de main finale, promesse d’un demain partagé. Comme dans un orchestre oriental où les instruments se lanceraient des répliques, la conversation des marchands répond aux exclamations des clients. Le parfum des olives au safran vient se superposer à la senteur des cuirs. Dans les yeux du marchand, une lueur : plus qu’une transaction, un récit, où l’acheteur se trouve enrôlé comme personnage secondaire d’une pièce de théâtre. C’est un théâtre permanent, sans mise en scène, dont les acteurs jouent leur rôle chaque matin.

Une femme au foulard rouge dispose ses pyramides d’épices. Elle ordonne, presque religieusement, chaque couleur, chaque grain de cumin, chaque pointe de safran. Elle surveille le va-et-vient des clients, lisant leurs hésitations, devinant leurs désirs avant qu’ils n’ouvrent la bouche.
Un peu plus loin, dans l’ombre d’une échoppe de cuir, le vieil artisan compte ses babouches et ses ceintures avec une précision presque rituelle. Ses mains tachetées de henné portent la mémoire des siècles de métiers, de gestes répétés, de vies modestes mais dignes.
Une foule colorée se heurte, se croise, se faufile. Et, quand tombe le soir, que les volets de fer claquent doucement, le souk se tait comme une salle après la représentation. Mais les senteurs persistent, le souk respire plus lentement.

La medina Polizzi : un rêve d’architecte

Maroc. La médina d'Agadir ou médina Polizzi est une recréation artistique et architecturale, inspirée des médinas traditionnelles du Sud marocain. Anthere/Commons.
Maroc. La médina d’Agadir ou médina Polizzi est une recréation artistique et architecturale, inspirée des médinas traditionnelles du Sud marocain. © Anthere/Commons.

Après le tremblement de terre de 1960, la vieille médina d’Agadir a disparu. Dans les années 1990, l’architecte Beato Salvatore Polizzi, alias Coco Polizzi, (Sicilien né au Maroc), passionné par l’artisanat marocain, entreprend de recréer une « médina idéale » : non pas une copie du passé, mais un hommage vivant aux médinas du Sud. Construit en terre crue et en matériaux traditionnels, le site célèbre le savoir-faire ancestral des artisans marocains : ferronnerie, zellige, plâtre sculpté, boiseries de cèdre… C’est à la fois un lieu d’art, d’histoire et de promenade.

Maroc. La médina d'Agadir abrite le souk des artisans. L'idée de Polizzi était de faire vivre l’artisanat marocain local. On peut voir les artisans à l’œuvre, des expositions, des manifestations culturelles. © M. Lasseur.
Maroc. La médina d’Agadir abrite le souk des artisans. L’idée de Polizzi était de faire vivre l’artisanat marocain . On peut voir les artisans à l’œuvre, des expositions, des manifestations culturelles. © M. Lasseur.


Elle occupe une superficie de 12.000 mètres carrés. On la parcourt comme un décor de film : ruelles sinueuses, placettes ombragées, patios parfumés, tours, fontaines, souks… Son architecte a tenté de donner au complexe un aspect médiéval en l’ornant de nombreux motifs marocains traditionnels. Idéal pour se promener, prendre des photos, acheter de l’artisanat et savourer des plats traditionnels marocains.

© Anthere/Commons
© Anthere/Commons

Des jardins où se rafraichir

Maroc. Un moment de fraïcheur au Jardin des Oiseaux d'Agadir. Nasreddine7/Commons.
Maroc. Un moment de fraîcheur au Jardin des Oiseaux d’Agadir. © Nasreddine7/Commons.

Au milieu des avenues neuves et des façades blanches, Agadir s’offre des refuges de verdure où le temps semble ralentir. Dans la Vallée des Oiseaux, une coulée verte entre la plage et le centre-ville peuplée d’oiseaux exotiques, le murmure des fontaines répond au cri des perruches ; des enfants courent sous les palmiers, des couples flânent à l’ombre des bougainvilliers.

Plus loin, le Jardin d’Olhao, inauguré en 1992 pour célébrer l’amitié maroco-portugaise, garde une douceur méditerranéenne : pavillons aux arcs élégants, bassins tranquilles, odeur légère du jasmin. Ici, la ville se souvient — un petit musée raconte le séisme de 1960, comme pour rappeler que la beauté d’Agadir est née de la reconstruction et de la patience.

Se loger et se restaurer

The View Agadir
Boulevard du 20 Août, Agadir
www.theviewhotels.com
Voir notre reportage sur l’hôtel The View Agadir
https://universvoyage.com/the-view-agadir-5-une-oasis-contemporaine-sur-latlantique/


Office du tourisme du Maroc
https://www.visitmorocco.com/
www.medina-agadir.com

Texte : Michèle Lasseur