
Deuxième ville d’Andalousie après Séville, Cordoue est bien séduisante. Au fil des siècles, elle a mêlé les héritages mauresques, juifs et chrétiens. Les ruelles, les places résonnent des échos d’une histoire tourmentée et glorieuse. Plus grande ville d’Europe au Xe siècle, Cordoue abrite quatre sites inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO.
Le Pont Romain

Du Pont romain, les visiteurs peuvent admirer la majestueuse Mosquée-Cathédrale ainsi que les moulins à eau d’Albolafia, qui rappellent l’époque où le fleuve était une source de vie et d’énergie pour la ville. Le pont romain construit au Ier siècle avant J.-C., du temps d’Auguste, est l’un des plus anciens ponts d’Espagne encore en usage. Sa longueur de 247 mètres et son architecture en font une attraction touristique. Il enjambe le fleuve Baetis (aujourd’hui le Guadalquivir), navigable depuis Cordoue jusqu’à l’océan Atlantique. Ce pont a subi plusieurs restaurations au long de l’Histoire. La structure principale date du Moyen Age et la restauration la plus récente est de 1876. Il comprend seize arcs, quatre en lancette et les autres en plein cintre, reposant sur de solides culées avec des avant-becs semi-cylindriques. Le centre est orné d’une sculpture de 1651 représentant Saint-Raphaël, réalisée par Bernabé Gómez del Río. Ce pont reflète l’héritage romain, islamique et chrétien de la ville, chacun ayant laissé son empreinte.
L’un des aspects les plus plaisants du Pont Romain est la vue panoramique qu’il offre, d’un côté sur la majestueuse Mosquée-Cathédrale de Cordoue, un site classé au patrimoine mondial de l’UNESCO en 1984, et de l’autre sur la Tour Calahorra.

Cette perspective unique permet de comprendre l’importance stratégique et économique du pont à travers les âges. La mosquée érigée au bord du Guadalquivir, près de l’Alcazar des Omeyyades, monument majeur de la présence musulmane en Espagne du 8e au 15e siècle, subit des agrandissements successifs jusqu’au Xe siècle. Jusqu’à ce que l’évêque, Alonso (ou Alfonso) Manrique, engage en 1523 la construction de la cathédrale chrétienne à l’intérieur de la mosquée !
Selon notre guide, cette intégration chrétienne serait comme « un grand arbre qui cache la merveilleuse forêt d’arcs et de colonnes ». Le visiteur est émerveillé devant les 23 400 m² de superficie et les 856 colonnes de granit, de jaspe et de marbre soutenant deux niveaux d’arcades bichromes. Et… reste pantois devant la Tour de la Mosquée-Cathédrale que nous voyons aujourd’hui : elle recouvre le minaret daté de 952 qui se trouve à l’intérieur !


En route vers la vieille ville, notre guide fait les présentations. Voici le philosophe Sénèque, figé pour l’éternité dans le bronze, à la porte d’Almodovar. Et aussi la statue assise du savant et rabbin juif Maïmonide (1138-1204), sur la petite place de Tibériade. Ici s’enrichirent de leurs différences les arabes, les berbères, les juifs, les chrétiens, descendants de romains… Nous découvrons au pas de course des palais, des terrasses, des vergers, des jardins, des fontaines… Sol y sombra, le soleil et la fraîcheur !
L’Alcazar, palais-forteresse des Rois Catholiques

Le clou de la visite est l’Alcazar des Rois Chrétiens. En l’an 711, les musulmans s’emparent de Cordoue, investissent la forteresse construite par les Wisigoths et lui donnent le nom d’ « al ksar », c’est-à-dire « château » en arabe. On peut contempler le salon des Mosaïques qui abrite des mosaïques romaines du IIe siècle découvertes à Cordoue lors de diverses fouilles archéologiques et, dans une des galeries de l’entrée, un superbe sarcophage daté du premier quart du 3e siècle.

Le joyau de l’Alcazar est sans doute ses jardins conçus dans un style mauresque et ornés de fontaines délicates et de rangées de cyprès et d’orangers.

Ferdinand III de Castille (1201-1252) reprit Cordoue aux musulmans en 1236. Lors de la Reconquista, l’Alcázar fut divisé entre l’Ordre de Calatrava, l’évêque et les nobles. Alphonse X (1221-1284), fils de Ferdinand III, fit reconstruire certaines parties, dévastées par les guerres de succession du califat et les pillages, dans le but d’en faire une résidence royale. Alphonse XI le Justicier (1311-1350), fils du roi Ferdinand IV (1285-1312), fortifia l’Alcázar entre 1327 et 1329. Il reconstruit l’Alcazar tel que nous pouvons le voir aujourd’hui. La Reconquista du royaume de Grenade aboutira en 1492.
C’est ici que les rois catholiques, Ferdinand II d’Aragon (1452-1516) et Isabelle de Castille (1451-1504), ont vécu pendant plusieurs années, tout en planifiant la reconquête du royaume de Grenade qui était alors dirigé par les dynasties musulmanes. Les Rois chrétiens rencontrèrent Christophe Colomb dans ce palais alors qu’il se préparait à faire son premier voyage vers les Amériques. La Reconquête achevée, l’Alcazar devint le siège de l’Inquisition espagnole, créée à la demande des Rois catholiques pour lutter contre les nombreuses fausses conversions, jusqu’à sa désaffectation en 1821.
Temple romain

Les vestiges et les colonnes de ce temple, situé près de la Mairie de Cordoue, au centre d’une grande place à arcades, montrent la splendeur de la Cordoue antique. Le temple s’élève sur un podium en hauteur sur lequel s’appuyaient des colonnes corinthiennes et était consacré au culte impérial. Sa construction débuta sous le règne de l’empereur Claude (10-54) (dynastie julio-claudienne), et fut achevée au 1er siècle après J.C. sous le règne de Domitien (51-96). Visible de loin, son but était d’impressionner le voyageur qui arrivait en empruntant la via Augusta, la voie qui permettait d’entrer dans Cordoue.
Les archéologues ont découvert plusieurs objets et inscriptions : des fragments de statues, des autels votifs et des bas-reliefs décoratifs qui témoignent de la richesse artistique du temple. Les fouilles ont également révélé des traces de fresques et de mosaïques colorées qui ornaient les murs et le sol, ajoutant une dimension visuelle spectaculaire à ce lieu de culte.
L’essence cordouane : la ruelle des Fleurs
Cette belle « Calleja de las Flores », en plein quartier juif, dévoile l’âme de Cordoue, avec les héritages arabe, berbère, juif et chrétien. C’est une ruelle qui se termine par un square fleuri.

Le quartier regorge de patios fleuris. Les enfants jouent à cache-cache entre les pots de fleurs, tandis que les adultes discutent paisiblement à l’ombre des terrasses. Ici, L’histoire et la culture de Cordoue se rencontrent dans un éclat de couleurs et de senteurs. En revenant sur nos pas, nous nous trouvons à nouveau face à l’élégante tour de la Mosquée-Cathédrale.
Se loger
AC CORDOBA Marriott

Excellent emplacement, en face de la gare AVE, dans l’un des principaux quartiers d’affaires de la ville. Chambres spacieuses et décoration sobre : style avant-gardiste dans les parties communes. Belle vue sur Córdoba depuis le restaurant tout en verre au rez-de-chaussée. Salon AC, idéal pour travailler, se détendre ou tout simplement lire. Après quelques minutes de voiture, nous avons atteint la Mezquita, un symbole de la présence musulmane en Espagne du 8ème au 15ème siècle.
On peut rejoindre l’aéroport de Cordoue en 20 minutes de route, tandis que les gares routière et ferroviaire AVE se trouvent à 100 mètres.
Marriott, plus grande chaîne hôtelière du monde, a fusionné en 2016 avec Starwood hôtels. Lors de l’ouverture de nouveaux établissements, Marriott a la chance de pouvoir tirer parti de son programme de fidélisation Mariott Bonvoy qui compte 177 millions de membres.
AC HOTEL CORDOBA BY MARRIOTT
Avenida de la Libertad, 24
Cordoue
À voir
La feria de Cordoue en mai célèbre les traditions andalouses avec passion et éclat. Pendant une semaine, les rues et les places de la ville se transforment en un immense théâtre de festivités, où se mêlent musique, danse et gastronomie. Les habitants et les visiteurs se rassemblent sous les chapiteaux colorés pour savourer des tapas, déguster des vins locaux et danser au rythme du flamenco jusqu’au bout de la nuit. Les parades de chevaux, les corridas et les concerts en plein air ajoutent au charme de ce festival, qui incarne l’esprit convivial et festif de Cordoue. La feria est un véritable hommage à l’héritage culturel de la ville et à la joie de vivre de ses habitants, marquant une fin de printemps mémorable dans cette cité au riche passé historique.
Texte : Michèle Lasseur
Photos : Michèle Lasseur et selon mentions