Avec ses façades de pierre blanche, ses rues à arcades, sa Grosse Horloge, son Hôtel de Ville Renaissance et ses belles demeures d’armateurs des 17e et 18e siècle, La Rochelle possède un patrimoine architectural remarquable. C’est aussi le 2e plus grand port de plaisance d’Europe.
Ville affranchie dès le 12e siècle par Aliénor d’Aquitaine, dépendant tantôt des Anglais, tantôt du roi de France, exemptée de droits de douane, elle s’enrichit avec le commerce. C’est une ville de marchands, puritaine, sans la superbe de Bordeaux.
Les idées de la Réforme séduisent les habitants si bien qu’en 1568, elle choisit son camp : protestante, elle chasse les derniers catholiques et abat les églises. En 1573, La Rochelle refuse d’ouvrir ses portes au gouverneur et à la garnison du roi, la ville est donc assiégée. Elle devient place de sûreté protestante après la signature de l’édit de Nantes (en 1598), qui met fin aux guerres de religion et offre aux réformés français un statut particulier dans le royaume. La Rochelle conquiert alors un statut de ville libre et s’épanouit, de 1590 à 1620, tant dans le domaine économique que culturel.
Sang chaud, tête froide, la « Capitale » des Huguenots est une place forte « corsaire » dont la flotte combat les navires espagnols pour ravitailler et financer la cité. Les 3 tours de La Rochelle sont les vestiges des fortifications édifiées autour de la ville. La tour St-Nicolas et la tour de la Chaîne constituent la porte d’entrée du vieux port. Elles en assuraient la défense.
À la fin du Moyen-Âge, pour être visible de loin, une flèche gothique est construite sur la tour de la Lanterne : la tour devient un amer (point de repère pour les bateaux). Une lanterne de pierre est ajoutée et la voilà transformée en phare ! Elle devient une prison à partir du 16e siècle.
Notons que deux 2 gargouilles suscitent intérêt et curiosité : à l’effigie des dessinateurs Cabu et Wolinski, victimes de l’attentat meurtrier contre Charlie Hebdo en janvier 2015, elles ont été dévoilées lors de l’inauguration de la Tour de la Lanterne, récemment rénovée.
Exportations de vin, de blé, aisance financière, la capitale des Huguenots formait un Etat dans l’Etat qui menace la politique d’unification de Richelieu. Et lorsque le maire fait tirer le canon, le 10 septembre 1627, sur les troupes royales, la répression ne se fait pas attendre. Débute alors le grand siège de La Rochelle ordonné par le roi et commandé par le cardinal de Richelieu. Onze mois de siège, des fortifications, une digue vinrent à bout de la résistance des Rochelais en 1629. La cité protestante doit capituler, en dépit des secours envoyés par l’Angleterre. D’une ville de 20.000 habitants, il ne resta que 5.000 survivants.
Le Nouveau Monde
Forte de son expérience commerciale (sel, vin, eau-de-vie), La Rochelle se relève. Entre 1630 et 1635, débutent des relations régulières avec le « Nouveau monde » tandis que la renaissance intellectuelle et le rayonnement artistique de La Rochelle s’intensifient. Au XVIIIe siècle, elle vit de son grand commerce colonial. Les bateaux sont armés vers le Canada, les îles sucrières et les côtes d’Afrique de l’Ouest : commerce triangulaire, de la fourrure avec la Nouvelle-France (Canada), du sucre brut et de l’indigo avec Saint-Domingue (Haïti), le raffinage du sucre devient la principale activité rochelaise.
Le passé négrier est présent dans les rues de La Rochelle. Les armateurs devenus planteurs-négociants bâtissent des fortunes et de belles demeures qui se cachent derrière de hauts murs et de lourdes portes. Celles des Fleuriau (devenu musée), des Garesché, ou encore la Maison Weiss (rebaptisée La Résidence des Indes) sont restés dans le patrimoine rochelais. « Hôtel Fleuriau lieu de mémoire de l’esclavage » peut-on lire sur la plaque à l’entrée du Musée du Nouveau-Monde. Dans la cour, le visiteur est accueilli par la statue (2,80 m) de Toussaint Louverture, esclave affranchi devenu gouverneur de Saint-Domingue en 1801. Elle a été réalisée par Ousmane Sow, célèbre sculpteur sénégalais. C’est dans cet hôtel particulier que la famille de Benjamin Fleuriau, habita de 1772 à 1974. Le 2e niveau est consacré à la Nouvelle-France et au commerce des fourrures. C’est un musée ludique où les enfants peuvent toucher des peaux de bêtes, jouer aux indiens et s’en donner à cœur joie avec des outils et des flèches. Avant de filer à l’Aquarium, face au Vieux-Port.
D’une superficie de 8000 m2, cet aquarium est la star du département. Il contient plus de 3 millions de tonnes d’eau et 12.000 animaux marins. Méduses, tortues et quelques requins font prendre conscience de la fragilité de la vie sous-marine.
www.infiniment-charentes.com
www.museedunouveaumonde.larochelle.fr
www.aquarium-larochelle.com
Texte et Photos : Michèle Lasseur
Lire
Hôtels particuliers de La Rochelle
Savez-vous que le centre historique de La Rochelle compte près d’une centaine d’hôtels particuliers. Que se cache-t-il derrière ces hauts murs et ces portails monumentaux ? Bien souvent de belles pierres et des jardins hors du temps ? Poussons ces lourdes portes pour découvrir ces trésors du patrimoine rochelais en compagnie de Jean-Louis Mahé (pour les textes) et Yann Werdefroy (pour les photos).
Hôtels particuliers de La Rochelle
Jean-Louis Mahé – Yann Werdefroy
La Geste, 39,90 €
