Apichatpong Weerasethakul-The Last Years of the River

On entre dans la galerie comme une abeille, innocente voleuse de sens, pensant pouvoir butiner ce qu’Apichatpong Weerasethakul nous tend. Une pirouette sur soi-même suffit à faire le tour de l’installation : 4 photographies et 3 courtes vidéos, c’est ce qu’a choisi d’exposer le plasticien thaïlandais pour sa récolte 2016. L’art de poser quelques questions.

Un chuintement incessant, extrait d’une vidéo qui tourne en boucle, bourdonne dans la pièce et accompagne notre introspection dans les photographies et vidéos exposées.

À une tranquille fleur sauvée du film d’animation « Subwoofer » correspond un essaim d’abeille qu’une main est en train d’asphyxier à coup de gaz ; à une botte enflammée planant sur le Mékong menacé de « The Last Year of the River » répond la même botte, cette fois calquée sur une autre photographie au dérangeant fond noir. Comme dans ses longs-métrages (1), la nature qui inspire Apichatpong Weerasethakul est idyllique, sauvage et aléatoire.
Les bourdonnements, étincelles et bombes sont les allégories d’un espace intime en alerte, dont le plasticien se fait le premier terrain de capture. Tel que « Pentax », portrait de l’artiste Chai Siris se photographiant, illuminé par un imposant projecteur de cinéma.

L’artiste engagé se sert de la galerie Torri pour nous inviter dans une de ses ruches, refuge temporaire en résonance avec les intempéries sociales et poétiques de son cœur. Ne vous limitez pas à un coup d’œil rapide, prenez le temps d’apprécier le travail de ce passeur protéiforme.

(1) Apichatpong Weerasethakul a reçu la Palme d’or 2010 à Cannes pour Oncle Boonmee celui qui se souvient de ses vies antérieures.

Texte : Capucine Ferry
Photo : Apichatpong Weerasethakul

Du 30 Avril au 28 mai 2016
Du mardi au samedi de 11h à 19h

Galerie Torri
7 rue Saint-Claude
75003 Paris
Tél. : 01 40 27 00 32
www.galerietorri.com