Blotti dans un vallon secret, à quelques minutes seulement du centre de Menton, le Jardin Serre de la Madone se dévoile comme un trésor insoupçonné. Ici, chaque marche d’escalier, chaque terrasse, chaque feuillage raconte une histoire de voyages et de passions botaniques. Un lieu où l’art, la science et la poésie dialoguent depuis bientôt un siècle, sous l’égide d’un homme visionnaire : Lawrence Johnston.
Aux origines, un explorateur rêveur

Dans les années 1920, Lawrence Johnston, botaniste américain naturalisé britannique, cherche un écrin à la hauteur de ses ambitions : acclimater sur la Riviera des espèces rares collectées aux quatre coins du monde. Il choisit Menton, ville douce où la mer et la montagne s’enlacent, offrant un microclimat unique en Europe. Entre 1924 et 1939, il façonne patiemment neuf hectares de restanques, orne les terrasses d’escaliers, pergolas et bassins, et fait dialoguer la rigueur méditerranéenne avec l’exubérance tropicale.
Une renaissance après l’oubli

Après la disparition de son créateur en 1958, le jardin tombe dans l’oubli. Il faudra attendre la fin des années 90 pour que le Conservatoire du littoral en devienne propriétaire et engage, avec la Ville de Menton et l’Association pour la Sauvegarde des Jardins d’Exception du Mentonnais (ASJEM), un vaste projet de restauration.
Aujourd’hui, le jardin est classé Monument Historique, labellisé Jardin Remarquable, et a été désigné site emblématique régional du Loto du Patrimoine 2025, une reconnaissance nationale qui accompagne son ambitieux chantier de renaissance.
Une scène botanique unique

Se promener à la Serre de la Madone, c’est voyager sans passeport. Le visiteur passe d’une pergola ombragée à un bosquet tropical luxuriant, d’une cour pavée de galets à un jardin hispano-mauresque aux accents andalous.
La Serre de la Madone se déploie ainsi comme un théâtre en plusieurs actes. Au fil des terrasses, reliées par des escaliers de pierre, le visiteur passe d’un décor à l’autre comme on changerait de scène.
Mais attention, comme le souligne notre guide conférencier Christophe, nous sommes dans un jardin « « Art and Craft » , c’est-à-dire qu’il y a toujours ici une délicatesse dans les transitions ! Johnston avait une bonne idée toutes les 3 minutes ! »

Le jardin abrite plus de 1700 espèces, dont trois collections botaniques nationales agréées : les araliacées, aux feuillages spectaculaires créant un effet de canopée tempérée inédit sur la Côte d’Azur, les pittosporacées, ces essences d’Asie et d’Océanie aux fleurs parfumées, et enfin les protéacées, plantes originaires d’Afrique du Sud et d’Australie offrant des floraisons graphiques et colorées.
La restauration en cours ne se limite pas à sauver les structures et les végétaux. Elle veut faire de la Serre de la Madone un jardin du XXIe siècle, résilient, écologique et ouvert à tous.
Les visiteurs peuvent ainsi explorer librement les terrasses ou choisir une visite guidée thématique. Mais ici, au jardin Serre de la Madone, la nature et l’homme se parlent toujours en douceur.


Y aller
Jardin Serre de la Madone
Durée de visite : prévoir 1h30 à 2h pour profiter des terrasses et des bassins.
Conseils : privilégier la visite le matin ou en fin d’après-midi pour la lumière et le calme.
À voir aussi à Menton :
Jardin botanique Val Rahmeh (collections exotiques).
Fontana Rosa (le jardin littéraire de Blasco Ibáñez).
Le Palais Carnolès et son orangerie.
Bon plan : le « Pass Jardins de Menton » permet de visiter plusieurs jardins remarquables de la ville à tarif réduit.
Texte : Laurence Grémy
Photos : Serre de la Madone



