Dans le grand cloître et l’ancien dortoir de l’Eglise Santa Maria Novella de Florence, une superbe exposition intitulée La Botanica di Leonardo met en scène les études, intuitions et réflexions de Léonard de Vinci (1452 – 1519) sur les formes et les structures du monde végétal.
Réalisée avec le soutien du laboratoire Aboca, producteur de compléments alimentaires entièrement naturels et bio, cette exposition est visible jusqu’au 15 décembre 2019.

Le parcours débute dans le grand cloître dont les murs recouverts de fresques du 16ème évoquent la vie de saints dominicains.

Le parcours débute dans le grand cloître dont les murs recouverts de fresques du XVIème évoquent la vie de saints dominicains.
Le visiteur voyage à travers des affiches originales, des éléments naturels et des installations interactives, qui proposent une réflexion sur l’évolution scientifique et le respect de la nature.
Des panneaux expliquent l’art et la pensée complexe du génie toscan qui a toujours considéré l’homme en relation avec la nature qu’il a observée depuis l’enfance.

Vue sur le cloître  et quelques polyèdres
Vue sur le cloître et quelques polyèdres

Avec Luca Pacioli, mathématicien et moine franciscain, il étudie la géométrie et dessine 60 polyèdres pour son manuscrit De Divina Proportione, publié à Venise en 1509. L’œuvre traite surtout du nombre d’or, cette divine proportion déjà connue de l’Egypte ancienne, que l’on retrouve dans la nature ou dans un corps humain et qu’il va appliquer dans ses peintures.

Dessin de Léonard de Vinci illustrant l'isocaèdre. Manuscrit du De divina proportione conservé à la Biblioteca Ambrosiana de Milan.
Dessin de Léonard de Vinci illustrant l’isocaèdre. Manuscrit du De divina proportione conservé à la Biblioteca Ambrosiana de Milan.

Les premiers polyèdres ont été développés par Platon, suivant la tradition pythagoricienne, qui leur accordait une signification symbolique en les rattachant aux entités élémentaires qui, selon les Pythagoriciens, façonnaient l’univers : le feu est associé au tétraèdre, l’air à l’octaèdre, la terre au cube, l’eau à l’icosaèdre et l’éther au dodécaèdre, « sublime synthèse de la quintessence ».

Pour protéger ses écrits des regards indiscrets, Léonard de Vinci pratiquait l’écriture spéculaire, appelée plus communément « écriture en miroir », car il fallait un miroir pour lire ses manuscrits.
Pour protéger ses écrits des regards indiscrets, Léonard de Vinci pratiquait l’écriture spéculaire, appelée plus communément « écriture en miroir », car il fallait un miroir pour lire ses manuscrits.

En explorant les études botaniques encore peu connues de Léonard de Vinci, on peut constater l’envergure de sa pensée scientifique si riche en implications. À une époque où l’impact de l’homme sur son environnement est délétère pour tout le vivant, cette exposition nous invite à repenser en profondeur la relation que nous entretenons avec la nature.
Des planches originales, des installations interférentes et de véritables plantes créent un parcours inédit à travers les inspirations et les innovations d’une pensée systémique, capable de combiner art et science et d’observer le vivant comme une entité unique où tout est relié et en mouvement.
Des végétaux sélectionnés parmi ceux dessinés ou cités par Léonard dans ses ouvrages, ont été mis en scène tout au long du parcours qui se poursuit par une immersion envoûtante à travers les arbres, les feuilles et des compositions tressées, évoquant dans un jeu entre réel et virtuel, la décoration léonardienne de la Sala delle Asse, du château des Sforza à Milan : le plus grand trompe-l’œil jamais réalisé à l’époque et représentant une pergola composée de 18 mûriers. La réouverture de cette salle en restauration est un événement majeur de la programmation Leonardo 500 proposée par la ville de Milan jusqu’au 12 janvier 2020.

Dès le XVIe siècle, Léonard de Vinci avait établi une relation entre l’âge d’un arbre, le nombre de cernes observés sur un tronc en coupe ainsi que la largeur des cernes de croissance et les variations climatiques.
Dès le XVIe siècle, Léonard de Vinci avait établi une relation entre l’âge d’un arbre, le nombre de cernes observés sur un tronc en coupe ainsi que la largeur des cernes de croissance et les variations climatiques.

De tous les artistes qui ont marqué la Renaissance, Léonard de Vinci se distingue aussi par son amour des plantes. Plus d’une centaine de dessins et esquisses de plantes et de fleurs figure dans les carnets (ou Codex) de ce botaniste avéré.

Reproductions du Codex, éléments naturels et artificiels, aménagements interactifs, permettent au public d’apprécier de manière spectaculaire les connaissances du Maître florentin.
Reproductions du Codex, éléments naturels et artificiels, aménagements interactifs, permettent au public d’apprécier de manière spectaculaire les connaissances du Maître florentin.

Ses travaux en dendrochronologie (du grec: dendron = arbre ; kronos = le temps ; logos = l’étude), sur le phototropisme ou encore le géotropisme permettent de comprendre comment la nature s’adapte à l’environnement ; les règles de la phyllotaxie et la théorie de la constance des flux à l’intérieur d’un arbre, appelée le « principe de Léonard », se transforment ici en installations dynamiques qui permettent d’avoir une vision globale de ses talents.

 Page 197 verso du Codex Atlanticus qui explique comment imprimer une feuille. « Ce papier doit être brûlé avec de la fumée de bougie gâchée avec de la colle douce, puis enduire subtilement la feuille de plomb blanche avec de l'huile, ainsi que les lettres sont imprimées, puis imprimer de la manière habituelle. Et ainsi la feuille reste sombre dans les espaces vides et claire dans les reliefs. Ce qui arrive est ici le contraire. »
Page 197 verso du Codex Atlanticus qui explique comment imprimer une feuille. « Ce papier doit être brûlé avec de la fumée de bougie gâchée avec de la colle douce, puis enduire subtilement la feuille de plomb blanche avec de l’huile, ainsi que les lettres sont imprimées, puis imprimer de la manière habituelle. Et ainsi la feuille reste sombre dans les espaces vides et claire dans les reliefs. Ce qui arrive est ici le contraire. »

L’exposition se termine par le célèbre « Homme de Vitruve », tracé en 1490 d’après le traité de l’architecte italien Vitruve, servi par une installation spectaculaire d’un isocaèdre dans lequel chaque visiteur peut éprouver l’harmonie entre sa configuration corporelle et ce solide régulier à 20 faces.

Texte : Brigitte Postel
Photos : Brigitte Postel et DR

La Botanica di Leonardo.
Musée de Santa Maria Novella. Florence.
Jusqu’au 15 décembre 2019.
https://www.labotanicadileonardo.it/