Ses paysages grandioses, sa nature sauvage et les magnifiques parcours de randonnée qui la sillonnent ont fait la renommée de cette belle terre de France émergée au milieu de l’océan Indien. Nous sommes « Au pays parfumé que le soleil caresse », comme l’évoquait Baudelaire dans son poème « À une dame créole ». Une île à la flore endémique exceptionnelle.
L’île de La Réunion forme avec l’île Maurice, l’île Rodrigues et quelques îlots mauriciens l’archipel des Mascareignes, du nom du navigateur portugais Pedro Mascarenhas qui les explora. Longtemps simple escale sur la route des Indes, La Réunion est devenue française en 1764. Anciennement île Bourbon, elle est rebaptisée de son nom actuel en 1793, en référence à la « réunion », pendant la Convention de Paris, des Marseillais et de plusieurs bataillons de la Garde nationale lors de l’assaut du palais des Tuileries. Île Bonaparte en 1806, Isle of Bourbon à partir de l’occupation anglaise de 1810, puis Île Bourbon à partir de 1815, elle retrouve définitivement son nom en 1848.
Surnommée également « l’Île intense », la Réunion présente un relief volcanique et montagneux exceptionnel. Ici, la nature a laissé en héritage une extraordinaire richesse de paysages sur une superficie de 2500 km², soit l’équivalent d’un petit département français. À chaque étage de son relief tourmenté, l’île change de visage. Du haut de ses pitons au battant des lames, tout est ici dominé par une nature indocile et ardente.
Un jardin botanique grandeur nature
Avec des écarts importants de température et de précipitations selon les reliefs et la situation géographique, l’île offre des paysages très contrastés et donc, des écosystèmes différents : désert minéral volcanique à La Fournaise, lagon de 27 km sur le littoral ouest, superbes falaises basaltiques à l’est, étendues de cannes à sucre dans les plaines, paysages déchiquetés dans les Hauts…, tous sont saisissants et forts.
Cette mosaïque de milieux naturels fait de La Réunion, un haut lieu de l’endémisme, et un site de valeur planétaire sur le plan de la biodiversité. Bien que certaines espèces, tel le dodo devenu l’emblème de la bière locale ou la tortue géante de Bourbon, n’aient pas survécu à l’installation de l’Homme au XVIIe siècle, de nombreuses autres sont devenues endémiques et ont contribué à forger l’identité de cet espace insulaire.
L’univers floral mascarin
Plus de 30 % des espèces de plantes qui croissent à La Réunion sont endémiques. C’est-à-dire qu’elles n’existent qu’ici. Citons les deux cafés de Bourbon, le bégonia de Salazie, le bois de pintade, le tamarin des Hauts, les bois de couleurs, remarquables en raison des teintes colorées de leurs troncs… ou les magnifiques orchidées qui colonisent les arbres de la forêt primaire et que l’on rencontre dans Salazie ou en visitant le Conservatoire botanique de Mascarin ou la Maison Folio à Hell-Bourg.
Les premières espèces ayant colonisé l’île viennent des terres voisines : Maurice, Madagascar, continent africain. Les autres viennent d’Asie ou du Pacifique, apportées par les courants marins, les oiseaux migrateurs et les vents alizés ou les flux de mousson. D’autres ont été apportées par les marins portugais.
Beaucoup de ces plantes portent des noms vernaculaires, souvent comme le Ti trèfle (Oxalis corniculata), le Petit Pimpin (Pandanus sylvestris) ou le Tabac-boeuf (Miconia crenata). Magnifique langue créole, si expressive et chantante, qui a baptisé les plantes, les animaux ou les hommes de qualificatifs imagés. Tel le surnom de Zoreils donné aux Français de la Métropole qui aurait pour origine le fait que, comprenant mal le créole, ceux-ci feraient constamment répéter et passeraient ainsi pour être durs d’oreille.
Aujourd’hui, la pression humaine (défrichements, déboisements, prélèvements abusifs, concurrence par des espèces végétales colonisatrices et envahissantes), le tourisme et les risques naturels (volcan, cyclones) menacent la survie de ces espèces rares. Ici plus qu’ailleurs, les paysages réunionnais évoluent sans cesse sous l’action conjuguée des éléments naturels et de la main de l’homme. Ce qui met en péril les écosystèmes déjà fragilisés. Longoses, galabert, goyavier… une centaine de plantes au total sont si envahissantes qu’elles font l’objet d’ambitieux programmes de lutte. Aussi, ne prélevez aucune plante au risque de disséminer des graines.
Des espèces indigènes et exotiques
Certaines plantes ont été introduites, volontairement ou non, par l’homme. Avec le temps, l’île s’est recouverte d’une végétation multiple, qui regorge de trésors botaniques. Les espèces indigènes sont très nombreuses. Citons les Mahots (Dombeya, Hibiscus), le Bois d’ortie, le Bois de Joli-cœur, ou le Calliandra calothyrsus (Fabacées), originaire d’Amérique centrale et du Mexique où il pousse du niveau de la mer jusqu’à 1900 m d’altitude. L’espèce a été introduite dans de nombreuses régions tropicales où elle est utilisée dans des systèmes agroforestiers, comme plantation d’ombre, comme haie intercalaire pour protéger les sols des pluies érosives et plus récemment comme fourrage pour le bétail.
Se renseigner
Office de tourisme de La Réunion : https://www.reunion.fr/
Texte : Brigitte Postel
Photos : Florian Ferry et Brigitte Postel