Neuf villages blancs, quelques ports colorés, une lumière douce et un pont de 2,9 km qui s’élève au-dessus des flots et relie l’île au continent depuis 1988, l’île de Ré possède un patrimoine naturel d’une beauté exceptionnelle. Sans oublier, l’été, les touristes présents sur la très chic île charentaise.
Dès le passage du pont on aperçoit la pointe du clocher de Sainte Marie au côté sud de l’île. Au fil des villages, la côte donne des huitres, du poisson. Les jardins : des pommes de terre primeur AOP, prisée des gastronomes, et des asperges. Sans oublier la vigne et le sel qui sent la violette et conserve les aliments sans les cuire.
Il faut se croire aventurier pour quitter le pimpant village de St-Martin et pédaler sur les chemins de Loix et La Couarde vers les salines dans un décor liquide et végétal. On les imagine perdues au milieu de nulle part, entre la mer et une mosaïque de marais salants, paradis de la faune et de la flore sauvage : oiseaux migrateurs (bernaches, sternes…) et plantes (salicorne, maceron, obione).
Située sur la grande voie atlantique de migration, la Réserve naturelle nationale de Lilleau des Niges héberge chaque année des milliers d’oiseaux : bernaches et canards en hiver, gorges bleues, sternes au printemps et des espèces peu communes en France : tadorne de Belon, avocette élégante, échasse blanche, etc. La Maison du Fier, ancien hangar à sel de l’île de Ré situé à côté du vieux port des Portes-en-Ré, est un site des Échappées Nature. Ce sont des espaces naturels sensibles qui accueillent les visiteurs tout au long de l’année. 14 maisons de site, réparties sur la Charente-Maritime, vous ouvrent leurs portes et organisent des activités au plus près de la nature : ateliers nature, visites guidées, sorties insolites au crépuscule…
Encore quelques coups de pédales pour faire du paddle dans les marais, voir les plages, ou profiter des bienfaits naturels dans les établissements Côté Thalasso à Ars-en-Ré. Il est enfin temps de s’arrêter à la coopérative des Vignerons, reconnaissable à sa tour cylindrique sur la route de Sainte-Marie. Ici on vinifie, on élève, on distille du cognac, du pineau, des vins blanc, rouge, rosé. La « célébrité » du coin, c’est le « trousse-chemise », un mousseux blanc de blanc issu du cépage Chardonnay.
Saint-Martin-de-Ré, un village au charme incomparable
Pour arriver au bourg de Saint-Martin, connu dès le XIIe siècle, il faut passer le pont Bouygues : 16 € l’aller-retour en été, 8 € hors saison et gratuit pour les habitants. Avec le pont (toujours) payant qui rapporte 13 millions d’euros par an, l’île de Ré fait des jaloux. L’invasion automobile aux beaux jours n’a toutefois pas gagné Saint-Martin.
On imagine aisément le temps où le bourg était peuplé d’artisans, de commerçants et de négociants qui exportaient du vin, du sel et importaient des céréales et du bois. Son importance commerciale et stratégique a placé le village au centre de convoitises diverses, notamment anglaises et hollandaises.
Un siège de 3 mois, conduit en 1627 par le duc de Buckingham, mène Sébastien Le Prestre de Vauban, alors ingénieur du Roi Louis XIV, à ériger entre 1681 et 1685 les fortifications et la citadelle tout en aménageant le port et le front de mer.
Le port (site classé au Patrimoine Mondial de l’UNESCO), avec ses terrasses, ses voiliers et ses bateaux de plaisance, n’a pas beaucoup changé depuis et les magnifiques fortifications sont toujours intactes. Au pied de l’église, les maisons à colombages, volets peints en vert et les roses trémières font partie du décor.
Bastion avancé de La Rochelle, capitale huguenote, l’île ne fut pas épargnée par les guerres de religion. On entre dans le bourg par 2 portes construites en 1685 : la porte des Campani avec dix arches en pierre à l’ouest et la porte de Toiras à l’Est.
On y découvre des maisons à colombages comme la maison de la Vinatrie (17e siècle) dont les ornements symbolisent la culture de la vigne et le musée Ernest-Cognacq situé dans le bel hôtel de Clerjotte, logis de la fin du XVe siècle. Il possède des collections de maquettes de bateaux et des porcelaines de Delft. Dans les jardins, la statue de George Washington (réplique exacte de celle en Virginie) rappelle ses lointaines origines : son ancêtre, Nicolas Martiau, protestant et Rétais, aurait été le premier huguenot français à débarquer en Virginie le 11 mai 1620 où il a fondé Yorktown. Il y mourut en 1657. On raconte même que ce Rétais intrépide serait aussi un ancêtre (à la 11e génération) de la reine Elisabeth II d’Angleterre et de… Tom Cruise.
Les adeptes du vélo-roi qui ont humé les parfums de la mer par les marais salants et par les vignes savent que les nuages se lèvent systématiquement en l’honneur du coucher de soleil sur la Citadelle, un ouvrage militaire édifié à la fin du XVIIème siècle afin de protéger l’Île. Elle est l’un des principaux monuments historiques de la ville de Saint-Martin-de-Ré et aujourd’hui un établissement pénitentiaire. La liste des hôtes qu’elle a hébergés est longue : Papillon, Seznec, détenus politiques et voleurs condamnés aux bagnes coloniaux : Cayenne et la Nouvelle-Calédonie.
L’Hôtel de Toiras : un établissement 5 étoiles unique
Du nom du maréchal éponyme qui défendit l’île contre l’envahisseur anglais au 17e siècle, l‘hôtel de Toiras est une ancienne maison d’armateur du XVIIème siècle flanquée d’une tourelle. Pile face au port de Saint-Martin-de-Ré, les fenêtres de sa façade blanche ouvrent sur le spectacle des bateaux. Olivia le Calvez en est la propriétaire depuis 2002. « Je suis donc le prince consort », plaisante Didier le Calvez, son mari. Ce grand professionnel de l’hôtellerie fut directeur du Bristol à Paris pendant 6 ans puis PDG des hôtels La Réserve.
L’hôtel compte 20 chambres et suites réparties sur 2 étages. Elles sont toutes différentes, dédiées au maréchal de Toiras, à Pierre Loti, Vauban… et bien sûr à George Washington, dont l’ancêtre était originaire de l’île de Ré. Les tissus sont signés Pierre Frey, Canovas, Brunschwig, Ralph Lauren. Dans cette demeure à la campagne règne un état d’esprit moderne fait de partis pris élégants. C’est là un des talents du décorateur d’intérieur Pierre-Yves Rochon qui a su, par l’utilisation des couleurs, des matières et des objets, donner une clarté, un sentiment de liberté et d’espace. La décoration prend le large avec un esprit balnéaire : le lobby affiche une ambiance lumineuse dans des tons de bleu azur, tandis que le restaurant George’s (clin d’œil au futur roi d’Angleterre George VII !) arbore un style marin chic en harmonie avec la vaste terrasse (80 places) qui propose une animation musicale signée Maison Sérieuse, et une vue à couper le souffle sur le port. Un jardin très privatif et un coin bar ont été créés pour satisfaire la clientèle anglaise, belge, suisse et espagnole… séduite par cette escale iodée.
Se renseigner
www.iledere.com
Office de tourisme des Charentes
www.infiniment-charentes.com
Paddle dans les marais avec Sup Evasion
www.supevasion.com
Thalasso
https://iledere.relaisthalasso.com/fr
Restaurant La Cabane du Grouin à Loix
https://www.lacabanedugrouin.fr/
Texte et photos : Michèle Lasseur