Située au sud de l’Espagne, traversée par le Guadalquivir, l’ancien oued el Kebir des Maures que jadis le navigateur et découvreur du Nouveau Monde emprunta avec sa flotte, Séville conjugue singulièrement l’élégance mudéjare, la douceur de vivre ibérique, la fougue des danseurs de flamenco et la cruauté des corridas.
La ville est fortement marquée par deux mille ans d’histoire. Romains, Maures, Juifs, Chrétiens, Gitans l’ont conquise, aimée, et ont laissé leurs empreintes dans un patchwork coloré qui fait toute sa beauté et qui a inspiré écrivains et compositeurs. Redevenue chrétienne au milieu du XIIIe siècle, elle affiche fièrement la splendeur de la période mudéjare à laquelle est venue s’ajouter l’or des Amériques.
Une ville festive
« Près des remparts de Séville, chez mon ami Lillas Pastia, j’irai danser la séguedille, et boire du manzanilla », chantait l’indomptable Carmen… De nos jours, c’est la jeunesse sévillane qui se répand la nuit venue dans les bars à tapas et arpente ses ruelles étroites et ses patios parfumés de fleurs d’orangers. Chaque soir, c’est le même rituel. Lentement, les trottoirs et les plazza débordent de buveurs de cerveza, tandis que les monuments se parent d’une lumière dorée qui cisèle encore mieux les dentelles de pierre de la Giralda ou de la cathédrale. Séville est volontiers noctambule. Les amoureux profitent de l’obscurité pour s’enlacer sur les marches des églises et les fêtards se retrouvent dans l’espace public pour des botellón improvisés. Des milliers de jeunes Espagnols ont ainsi pris l’habitude de se réunir le soir dans les rues et les places des villes pour se retrouver entre amis et ingurgiter de grandes quantités d’alcool. Avant de finir la nuit en boîte ou dans les nombreuses bodegas du quartier branché de Triana. Ce phénomène, au départ sévillan et anecdotique, est né dans les années 90. Et s’est développé totalement à l’écart des bars et autres débits de boissons ; mais sa généralisation progressive en fait aujourd’hui un véritable fait de société. Désormais interdits par la loi car ils laissent des traces…, les botellón perdurent cependant et attirent de nombreux étudiants étrangers. Jusqu’à ce que la police fasse son « ratissage » nocturne !
Dans cette ville qui bascule chaque soir vers l’interdit et l’exubérance, la religion et la fête font bon ménage. Processions du dimanche matin magnifiées lors de la semaine sainte, robes virginales des nombreux magasins de mariées, clameurs montant des arènes de la Plaza de toros de la Maestranza, ou duende des danseuses de flamenco qui enflamment Andalous et touristes, tout semble ici magnifier la vie et la mort.
N’hésitez pas à franchir la porte du musée-école de Cristina Hoyos, élève et partenaire d’Antonio Gadès, qui transmet cette danse métissée à des danseurs venus du monde entier. La qualité des artistes vous fera chavirer. Vitrine mondiale de l’art flamenco, la Biennale, en septembre, reste une attraction touristique et culturelle majeure.
Un patrimoine exceptionnel
Pour aborder cette ville théâtre, amarrée à son patrimoine historique et culturel, il faut se promener dans l’entrelacs de ruelles piétonnières de l’ancien quartier juif de Santa Cruz, cœur et âme d’une Séville historique. Le centre-ville est un labyrinthe de ruelles et de passages étroits, où vous pouvez vous balader agréablement ou vous déguster des tapas dans l’un des nombreux restaurants ou bodegas du quartier. La visite de la cathédrale, construite en lieu et place d’une mosquée almohade, est incontournable.
C’est au cours du XIIe siècle que les Almohades, dynastie musulmane d’origine berbère, édifièrent la Grande Mosquée de Séville. Après la conquête chrétienne de la ville, débuta la construction de la cathédrale sur le site même de la mosquée. Le monument fut commencé en 1401 et terminé après plus d’un siècle de travaux. Avec ses 116 m de long et ses 76 m de large, la cathédrale de Séville est la plus grande cathédrale gothique au monde. Elle a été déclarée patrimoine de l’Humanité par l’Unesco en 1987.
Le minaret, la Giralda (en espagnol, girouette se dit « giraldillo », d’où son nom), est devenu le clocher de la cathédrale et le symbole de la ville. Il est coiffé d’une sculpture colossale en bronze que le Don Quichotte de Cervantes qualifia de « géante de Séville« . Elle comporte deux tours en brique, l’une extérieure, l’autre intérieure. Suivant la typologie des minarets almohades, il présente sur ses façades extérieures un décor de sebka, sorte de dentelle en brique, ainsi que des arcs polylobés. Du haut de l’ancien minaret, on découvre un tableau coloré qui s’étire bien au-delà du fleuve. En bas, faites une pause dans le Patio de los Naranjos : la cour des orangers, ancienne cour des ablutions de la mosquée.
Les murailles du palais royal de l’Alcázar protègent le quartier. Son origine remonte au XIe siècle, lorsque les autorités musulmanes décidèrent de construire une forteresse dans une zone stratégique de Séville pour garantir leur sécurité. L’enceinte fortifiée de l’Alcazar est formée de divers palais et jardins envisagés à différentes époques. Le palais fut modifié à plusieurs reprises, au rythme des monarques qui y résidèrent. D’où la grande variété de styles, conjuguant des éléments caractéristiques de l’art islamique, gothique, de la Renaissance, baroque et romantique ainsi que des beaux exemples du style mudéjar.
À l’intérieur, on ne se lasse pas d’admirer les magnifiques appartements d’Isabelle la Catholique et de Charles Quint décoré d’azulejos.
Dans les célèbres jardins, on flâne dans un labyrinthe décoré de mosaïques, planté de myrtes, orangers, citronniers et où murmurent de rafraîchissantes fontaines.
Ensuite on peut pousser jusqu’aux arènes qui figurent parmi les plus anciennes d’Espagne.
On préfère le musée des Bellas Artes qui abrite les chefs-d’œuvre de Murillo et Zurbaran. Ou simplement baguenauder dans les rues, au hasard des petites places et patios fleuris.
Palais de la Comtesse de Lebrija
Sur l’autre rive du Guadalquivir, le quartier de Triana a conservé l’atmosphère populaire du Vieux Séville. C’est là que se dresse le palais de la comtesse de Lebrija. Demeure seigneuriale au XVIe siècle, le palais est l’un des joyaux de Séville. Il devient en 1901 la propriété de Regla Manjón Mergelina, comtesse de Lebrija, qui le restaure et l’aménage pour accueillir des antiquités. Tout au long de sa vie, la comtesse remplit un palais entier d’une collection d’art, de vestiges archéologiques, d’amphores, de meubles et de belles mosaïques. Les murs sont joliment décorés, avec des arcs arabes, une façade andalouse ; un beau palais de ville à visiter
La rue commerçante de San Jacinto constitue la rue principale du quartier. Elle donne dans la rue Alfarería, où des ateliers de potiers continuent de travailler le style traditionnel de la céramique de Triana. Toute la rue Castilla débouche dans la ruelle de l’Inquisición, où les patios des maisons débordent de fleurs.
Au sud de Santa Cruz, le Parc María Luisa, qui s’étend sur 400 000 m², est un lieu de promenade et de détente privilégié des Sévillans. Il dépendait autrefois du palais Saint-Telme, et porte le nom de l’infante Marie-Louise-Ferdinande d’Orléans qui, en 1893, en fit cadeau à la ville. Le parc est sillonné par de longues allées portant les noms de célèbres conquistadores.
Intégrées dans le parc, la place d’Espagne et la place d’Amérique ont été créées à l’occasion de l’Exposition Ibéro-Américaine en 1929-1930. Les pavillons des 20 pays ayant participé ont été conservés. Abritant une très riche variété de plantes exotiques et européennes, ce parc, agrémenté de nombre d’étangs et de fontaines, est un véritable moment de plaisir.
L’Andalousie en bateau : traditions, gastronomie et flamenco sur le MS Belle de Cadix
Une croisière de huit jours sur le MS Belle de Cadix qui vous conduira de Séville à Grenade, Cordoue, Cadix, Jerez puis retour depuis Séville. Dès votre embarquement vous êtes séduit par le charme et l’authenticité de ce bateau au décor soigné, et aux couleurs chaleureuses. Vous apprécierez les cabines spacieuses et bien équipées où de votre fenêtre vous découvrirez des horizons différents chaque jour. Le MS Belle de Cadix est un navire de croisière fluviale français qui navigue sur le Guadalquivir, le Guadiana et le long des côtes atlantiques. Construit en 2005, rénové en 2010, la Belle de Cadix mesure 110 m. de long sur 11,4 m. de large. Elle accueille 178 passagers sur 3 de ses 4 ponts. Sa vitesse moyenne est de 15 nœuds.
Croisière en pension complète avec boissons incluses. Vol spécial A/R Paris (ou province) / Séville inclus. À partir de 1397 €. Enfant jusqu’à 14 ans remise de 30 % (dans la limite des places disponibles). https://www.croisieurope.com/croisiere/andalousie-traditions-gastronomie-flamenco-classique. Renseignements et Réservations : info@croisieurope.com N° indigo : O825 33 777.
Séjourner
Esprit charme à Las Casas del Rey de Baeza, un palais restauré avec goût et une situation idéale pour flâner dans les ruelles de Santa Cruz. Le plus : sa piscine perchée sur les toits de Séville. https://www.hospes.com/fr/casas-rey-baeza/
Petit Palace Marqués de Santa Ana. Situé à proximité de l’Arène de la Maestranza, la cathédrale, la Plaza Nueva (Place de la Mairie) en plein centre-ville historique, l’hôtel occupe un charmant palais sévillan du XIXème siècle. Le patio central est entouré d’un portique et d’une galerie qui dessert les chambres. Très calme. C/ Jimios, 9-11 – 41001 Sevilla
Tél. 00 34 954 221 812
http://www.hthoteles.com
Musée de la Danse Flamenco et spectacle de flamenco – C/ manuel Rojas Marcos, 3 – Tél. 954340311
www.museoflamenco.com
Texte : Brigitte Postel
Photos : Sylvain Grandadam et Brigitte Postel