Dans les Vosges du Sud, l’Alsace et la Franche-Comté se rencontrent et nous invitent à partager un peu de leur riche histoire. Entre patrimoine culturel, gastronomique, architectural et héritage militaire, le Massif des Vosges est généreux et se savoure en toute saison.

Belfort, la citadelle imprenable

Emblèmes de la ville de Belfort, le lion, réalisé par le sculpteur alsacien Frédéric-Auguste Bartholdi, et la citadelle de Vauban toisent la ville. © Ludovic_Caillot.
Emblèmes de la ville de Belfort, le lion, réalisé par le sculpteur alsacien Frédéric-Auguste Bartholdi, et la citadelle de Vauban toisent la ville. © Ludovic Caillot.


Appuyé sur la falaise calcaire, taillée dans un grès rose local, le lion de Belfort relève la tête au pied de la citadelle de Vauban. Couché dos à l’Allemagne, il impressionne : 22 mètres de long, 11 mètres de haut, et rend hommage à la résistance de la ville lors de la guerre franco-prussienne de 1870. Sa patte est posée sur une flèche qu’il vient d’arrêter dans son vol : « Ici, on ne passe pas », semble-t-il dire.

Belfort. Le lion et la Citadelle. © Regis Ravegnani.
Belfort. Le lion et la Citadelle. © Regis Ravegnani.

Quant à la Citadelle et ses fortifications réputées imprenables, elles ont connu bien des transformations au fil des siècles et sont toujours un point fort de la visite de la ville. On accède à la Cour d’Honneur en gravissant le tunnel pavé et en franchissant le pont-levis. La terrasse panoramique offre une vue à 360° sur l’ensemble de la forteresse, de la ville, et des paysages alentours. Un grand souterrain, fossé médiéval recouvert par Vauban en 1749, protégeait la porte de l’Alsace. La ville, grâce au colonel Denfert-Rochereau, résista à 103 jours de siège mais elle fut livrée aux Prussiens en février 1871.
Une réplique du lion (en cuivre), au tiers de sa taille, trône place Denfert-Rochereau à Paris. Le lion, œuvre du sculpteur alsacien Auguste Bartholdi, père de la statue de la Liberté à New-York, et la Citadelle ont été élus monuments préférés des Français en 2020 …

Un incontournable : le marché Fréry

Belfort. De Style Eiffel, le marché Fréry tient son nom de Charles Fréry, sénateur du Territoire de Belfort.© Gilles Pretet.

Le lion dispose de plats à son effigie sous le marché couvert Fréry : pain moulé aux formes de sa patte ou encore sa langue en saucisse fumée ou terrine de langues de veau et légumes.
De style Eiffel, le marché couvert a été inauguré en 1905. Il est surmonté d’un campanile avec une cloche. Une grande horloge est disposée dans la partie vitrée de la façade. La réalisation de cet édifice de verre, de brique et d’acier a été attribuée à l’entreprise parisienne Schwartz et Meurer, constructeurs des grilles du Grand Palais et des Serres Monumentales de Paris, en 1904. 
Il faut lever les yeux au ciel pour admirer le plafond en bois sous une structure métallique aux parois vitrées. Les murs sont classés monuments historiques depuis 1983. Du jeudi au dimanche, de 7 h à 12 h, une quarantaine de commerçants proposent sur les étals des spécialités franc-comtoises et alsaciennes. Jambon de Luxeuil, cerises de Fougerolles, kirsch AOC, produits bio… On trouve même une aire de jeu pour les enfants. Le marché Fréry a été reconnu comme le meilleur marché de Franche-Comté 2 années consécutives.
www.belfort-tourisme.com

Fougerolles : kirsch pour tous

Vosges du Sud. Ecomusée du Pays de la Cerise. Foehn.
Vosges du Sud. Ecomusée du Pays de la Cerise. © Foehn.


En 1900, une quarantaine de distilleries industrielles étaient en activité à Fougerolles, en Haute-Saône. La région doit sa notoriété à ses plantations de cerisiers et à la distillation du kirsch. Cette eau-de-vie est fabriquée avec des « guignes » noires ou rouges. La cueillette était manuelle avec l’échelle « pied de chèvre » et le panier porté en bandoulière. Aujourd’hui les arbres sont secoués par une machine.
Situé au cœur d’un verger conservatoire, l’Écomusée du Pays de la Cerise retrace l’histoire d’une famille de distillateurs. Ce fut la demeure de Monsieur Desle-Joseph Aubry. Sur le linteau de la porte, une date : 1829. On a distillé ici pendant 150 ans.

Distillerie Devoille

Fougerolles. Grenier de la distillerie Devoille et leurs nombreuses dames-jeannes. © M.Lasseur.
Fougerolles. Grenier de la distillerie Devoille et leurs nombreuses dames-jeannes. © M.Lasseur.


La distillerie Paul Devoille, entreprise artisanale et familiale, produit une large gamme d’eaux de vie, liqueurs, absinthes, apéritifs, gins, fruits à la liqueur, etc. Elle a obtenu le label Entreprise du Patrimoine Vivant. Visite libre de la cave et du chalot (1) dans lequel sèche l’absinthe après récolte.
Trois mots résument la philosophie de l’entreprise : tradition, authenticité et innovation. Les produits sont régulièrement primés lors de concours nationaux et internationaux. Visite libre de la cave avec dégustation de whisky, projection d’un film sur les étapes de la fabrication et visite du chalot dans lequel sèche l’absinthe après récolte.
À faire en famille : le Jardin Secret de la Fée Verte présentant les plantes utilisées pour la fabrication de l’absinthe et son chalot. Tables et bancs abrités pour pique-nique. Entrée libre. Labellisé Entreprise du Patrimoine Vivant.
La distillerie Devoille a obtenu le label EPV, Entreprise du Patrimoine Vivant.
9 Rue des Moines Haut, 70220 Fougerolles-Saint-Valbert.

1 –  Le chalot est une petite construction en bois typique des Vosges du Sud. Autrefois, les paysans y stockaient leurs récoltes et leurs richesses, à l’écart de la ferme… à l’abri des incendies et des rongeurs

Ronchamp : de Le Corbusier à Renzo Piano

Chapelle de Ronchamp, Notre-Dame-du-Haut. Architecte Le Corbusier. © M.Lasseur.
Chapelle de Ronchamp, Notre-Dame-du-Haut. Architecte Le Corbusier. © M.Lasseur.


Au sud du Parc naturel régional des Ballons des Vosges, la Colline Notre-Dame du Haut, située à Ronchamp (Franche-Comté), est un lieu d’une haute valeur historique, artistique et spirituelle. On gravit la colline pour accéder par une sorte de chemin de croix à cette icône de l’art sacré contemporain qui a révolutionné l’architecture religieuse. Que l’on soit croyant ou agnostique, il est difficile de ne pas être ému devant la beauté de Notre-Dame-du-Haut, réalisée par Le Corbusier en 1955, qui rompt avec la forme symbolique de la croix. « En bâtissant cette chapelle, j’ai voulu construire un lieu de silence, de prière, de paix, de joie intérieure », a dit l’architecte. Jean Prouvé, son disciple, dessine le Campanile dans les années 1970 et, en 2011, Renzo Piano conçoit sur la colline un monastère sobre, lumineux avec l’aide d’un paysagiste réputé, Michel Corajoud.

Ronchamp. Chapelle Notre-Dame-du-Haut. Architecte Le Corbusier. ©M.Lasseur.
Ronchamp. Chapelle Notre-Dame-du-Haut. Architecte Le Corbusier. © M.Lasseur.

La chapelle est inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco depuis 2016. Et ferait référence au Parthénon d’Athènes. Béton brut du toit et murs blanchis à la chaux, les autels et bénitiers sont en pierres, la croix, les bancs et les confessionnaux en bois d’iroko (un bois brésilien). Nous avons croisé un groupe de japonais admiratifs, levant les yeux vers le Ciel, vers la lumière qui sculpte les espaces.

Ronchamp. Monastère Sainte Claire. © Jean-Pierre Dalbéra.
Ronchamp. Monastère Sainte Claire conçu par Renzo Piano. © Jean-Pierre Dalbéra.


Pèlerins et touristes viennent voir aussi le Monastère Sainte-Claire de Renzo Piano situé en contrebas de la chapelle de Le Corbusier. Enfoui sous les lignes d’horizon délicatement ourlées par l’équerre de Renzo Piano, il est invisible depuis la chapelle. Cet ouvrage horizontal, écologique, est creusé au flanc de la colline, enchâssé dans la verdure, et pleinement respectueux du paysage. C’est un lieu où vivent les sœurs Clarisses, dont les origines sont franc-comtoises (Besançon) depuis 8 siècles. Un lieu de silence, de prière, de paix intérieure où la lumière de la forêt joue un rôle important. Un langage architectural de  » toute beauté à laquelle le contemplatif pouvait communier car c’est le même langage : dire l’invisible par la beauté « , révèle l’Abbesse, Sœur Brigitte de Singly. On peut décider d’aller faire une retraite de quelques jours dans une des 9 chambres de ce lieu unique au monde.
https://www.massif-des-vosges.fr/culture-et-patrimoine/la-chapelle-de-ronchamp/

www.clarisses-a-ronchamp.fr

Luxeuil-les-Bains

Luxeuil-les-Bains. Les majestueux thermes font partie de la Chaîne thermale du Soleil. © Adrien Michel.
Luxeuil-les-Bains. Les majestueux thermes font partie de la Chaîne thermale du Soleil. © Adrien Michel.

Située à 300 mètres d’altitude, Luxeuil a un secret : ses précieuses richesses aquatiques et minérales. La ville est née de sources déjà exploitées par les Gaulois puis par les Romains, lesquels attribuaient à ces eaux des vertus de purification, de longévité et de fécondité. C’est donc sur l’emplacement des bains gallo-romains de Luxovium que furent édifiés au XVIIIème siècle les actuels thermes. Au creux d’un vaste parc, c’est un bâtiment de grès rose, restauré dans un style Art Déco. On plonge ici dans des eaux qui sortent de terre à une température de 34° C. Des eaux chlorurées, sodiques, siliceuses et sulfatées. Ouverts de mi-mars à fin novembre, les thermes proposent des soins issus des innovations de la Chaîne Thermale du Soleil.
Le grès rose des Vosges se déploie aussi sur des ensembles Gothiques et Renaissance, des escaliers, des arcades, le cloître, l’ancienne abbaye, devenue basilique en 1924. L’abbaye possède un monumental buffet d’orgues daté de 1617, des stalles Renaissance et même l’ancienne chaire à prêcher de Notre-Dame de Paris !

Visiter l’Ecclesia

Luxeuil-les-Bains. Le site archéologique de l'Ecclesia raconte 2000 ans d'histoire. © OT Luxeuil.
Luxeuil-les-Bains. Le site archéologique de l’Ecclesia raconte 2000 ans d’histoire. © OT Luxeuil.

C’est dans le remarquable écrin architectural de l’Ecclesia, Cité Patrimoine, que sont abrités et mis en valeur des vestiges archéologiques exceptionnels.
En 2005, lors de la rénovation du parking du centre-ville, place de la République, on découvrit 150 sarcophages mérovingiens et 380 tombes. Ce site funéraire a été classé en 2010 au titre des monuments historiques. L’esperluette, lettre que l’on retrouve dans l’écriture mérovingienne, en est son symbole.
www.ecclesia-luxeuil.fr

Conservatoire de la dentelle

Luxeuil-les-Bains. Conservatoire de la Dentelle. La dentelle de Luxeuil est une dentelle à l'aiguille, qui se caractérise par des lacets cousus par points d'aiguille sur du papier. © OT de Luxeuil-les-Bains.
Luxeuil-les-Bains. Conservatoire de la Dentelle. La dentelle de Luxeuil est une dentelle à l’aiguille, qui se caractérise par des lacets cousus par points d’aiguille sur du papier. © OT de Luxeuil-les-Bains.


L’autre richesse de Luxeuil-les-Bains, depuis le Second Empire, est la dentelle. Créé en 1978, le Conservatoire de la Dentelle maintient le savoir-faire : une centaine de dentellières partagent leur passion avec les amateurs et proposent leurs talents pour broder robe de mariée, chemisier, bijoux, ou linge de maison.
www.dentelledeluxeuil.com
www.luxeuil-vosges-sud.fr

Se loger

Belfort. Hall d'entrée du Grand Hôtel du Tonneau d'Or, doté d’un escalier monumental et décoré de vitraux signés du maître nancéen Jacques Gruber.
Belfort. Hall d’entrée du Grand Hôtel du Tonneau d’Or, doté d’un escalier monumental et décoré de vitraux signés du maître nancéen Jacques Gruber.

Le Grand Hôtel du Tonneau d’Or : un palace Belle Epoque au cœur de la Cité du Lion. Construit en 1907 (rénové en 2021), ce charmant hôtel propose des chambres avec vue sur le lion ou la citadelle. Notons que les grandes coupoles sont ornées de vitraux signés Gruber, .
www.tonneaudor.fr

www.massif-des-vosges.fr

Texte : Michèle Lasseur
Photos : voir copyright