La vieille ville du Mans… Une enceinte gallo-romaine, une cathédrale de grande envolée, un quartier ancien digne des Plantagenêts, des rillettes, des poulardes et des chapons : cela vaut bien qu’on l’inscrive dans les vingt-quatre heures d’un circuit de découverte.

Le Mans. Maison  de la Tourelle d'époque Renaissance.
Le Mans. Maison de la Tourelle d’époque Renaissance.

Sacré Stéphane Le Fol ! Ainsi donc on peut rencontrer le maire le dimanche matin sur ce gros marché du Mans, au pied de la cathédrale. Son panier à la main, il a l’air d’un homme affable, et ferait presque croire à la simplicité de nos élus.

Une cathédrale vouée à Julien, son premier évêque 

Cathédrale Saint Julien, Le Mans. Cette futaie de contreforts et d’arcs-boutants qui l’enserrent donnent un sentiment d'élévation.
Cathédrale Saint Julien, Le Mans. Cette futaie de contreforts et d’arcs-boutants qui l’enserrent donnent un sentiment d’élévation.

“J’étais loin de m’attendre à cette chose superbe. Taillée dans un pur froment de lumière, dans un rayon angélique que par endroits un rose délicat vient colorer », écrit Paul Claudel, dans son Journal du 17 avril 1925. Figée dans la pierre, façon arrêt sur image, la cathédrale Saint-Julien échappe aux ravages du temps. On y voit le plus extraordinaire mariage du gothique flamboyant et de la Renaissance débutante. Un gigantesque chœur gothique qui tranche avec une nef romane. Le magnifique chevet se déploie tel un large éventail ajouré au-dessus de la Place des Jacobins. Située sur la butte du Vieux-Mans, la cathédrale possède une tour culminant à 64 mètres, ce qui en fait l’édifice le plus haut de l’agglomération.

Accolée à la cathédrale du Mans, cette pierre levée est le plus vieux témoin de l'histoire mancelle. Elle a été l'objet de divers cultes faisant d'elle le centre de l'univers ou encore un symbole de fertilité. © M Lasseur.
Accolée à la cathédrale du Mans, cette pierre levée est le plus vieux témoin de l’histoire mancelle. Elle a été l’objet de divers cultes faisant d’elle le centre de l’univers ou encore un symbole de fertilité. © M Lasseur.

L’entrée est sans protocole, malgré son célèbre gardien : un menhir en grès rose d’une hauteur de 4,55 mètres, vestige des croyances celtiques. Ce symbole païen a été sauvé de la destruction par SaintJulien, venu christianiser Le Mans au IVe siècle. Et est classé monument historique depuis 1889.

Le Mans. Cathédrale Saint Julien. La tentation d'Adam et Ève, détail d'un vitrail (XIIème siècle, restauré au XIXème) de la Chapelle de la Vierge.
Le Mans. Cathédrale Saint Julien. La tentation d’Adam et Ève, détail d’un vitrail (XIIème siècle, restauré au XIXème) de la Chapelle de la Vierge. © Creative Commons.

Ses vitraux colorés – l’un des plus beaux ensembles de vitraux médiévaux, ses chapelles, sculptures, fresques qui racontent les histoires saintes, fournissent des repères symboliques et historiques au visiteur. C’est ici que le duc de Normandie, comte d’Anjou et du Maine et futur roi d’Angleterre, Henri II Plantagenêt, né au Mans, fut baptisé.
Mais l’amateur de vieilles pierres mis en appétit sera déçu. La Révolution de 1789 balaya la tombe de son père Geoffroy V le Bel, marié en la cathédrale du Mans en 1128. Reste son émail, une plaque funéraire en cuivre gravée à son nom, exposée au Musée d’archéologie et d’histoire du Mans.

La cité Plantagenêt : le cœur historique

Le Mans. Promenez-vous dans les ruelles bordées de magnifiques maisons à colombages.
Le Mans. Promenez-vous dans les ruelles bordées de magnifiques maisons à colombages.

Les ruelles pavées de la vieille ville, bordées de maisons à pans de bois, s’étendent sur vingt hectares, enserrées dans une muraille romaine. Le meilleur et le pire occupent des bâtiments anciens, des façades s’enorgueillissent de médaillons sculptés, de fenêtres à meneaux, de balcons ouvragés. On y découvre le Palais du Grabatoire (XVIe siècle), occupé par l’évêché, et en face un gracieux logis à tourelle, chef-d’œuvre de la Renaissance. Une autre demeure avec petite tourelle à pans coupés garde le souvenir de Paul Scarron (1610-1660) qui fut chanoine de la cathédrale et aussi mari de la jeune Françoise d’Aubigné, qui deviendra marquise de Maintenon, secrète épouse de Louis XIV.

Le Mans. Maison du pilier rouge.  Le chapiteau qui surmonte la colonne torsadée est orné, d'un côté, d'un crâne avec un crucifix et, de l'autre, par des cannes de jeu de la soule  qui est l'ancêtre du jeu de golf.
Le Mans. Maison du pilier rouge. Le chapiteau qui surmonte la colonne torsadée est orné, d’un côté, d’un crâne avec un crucifix et, de l’autre, par des cannes de jeu de la soule qui est l’ancêtre du jeu de golf.

Le XIXe sans pitié, effaça le cadre alentour et ses ouvrages : le donjon de Guillaume le Conquérant, les tours du château et l’ancien évêché. La maison du Pilier rouge, construite en pans de bois, aurait été, selon la légende populaire, celle du bourreau de la ville. Celui-ci s’essuyait les mains sur le pilier après son œuvre macabre. Elle abrite aujourd’hui, durant la saison estivale, l’office du tourisme. Et est le point de départ de nombreuses visites guidées à travers la ville. Autre édifice d’intérêt, la maison d’Adam et Eve, bâtie en 1525 par le médecin et astrologue Jean de l’Épine, est ornée de belles sculptures.

Le Mans. L’enceinte romaine, quadrilatère irrégulier de 450 m de long sur 200 m de large, a protégé pendant plus de quinze siècles le noyau historique de la ville. C’est aujourd’hui l’enceinte la mieux conservée de tout l’ancien Empire romain, avec celles de Rome et Byzance. © Creative Commons.

Si la cathédrale s’inscrit en gothique, la vieille ville en style moyenâgeux, l’enceinte gallo-romaine, avec ses ornementations géométriques et ses couleurs ocres, donne à la vieille cité un grand charme. Ce petit bijou agrippe au-dessus de lui en désordre des tours juste pour le plaisir de la vue. Au-delà de tant de beauté, on attend donc la patine d’une inscription à l’Unesco

Les 24 Heures du Mans : une légende née sur les terres sarthoises 

Porsche aux 24 heures du Mans 1970.
Porsche aux 24 heures du Mans 1970. © Creative Commons.

Pour preuve : le tramway dont certaines rames ont été mises aux couleurs des 24 Heures du Mans. Plus qu’une simple course, c’est une épreuve de courage et de ténacité, un rendez-vous incontournable pour les passionnés de sport automobile.

La Chenard et Walcker de Lagache et Léonard, aux 24 heures du Mans 1925.
La Chenard et Walcker de Lagache et Léonard, aux 24 heures du Mans 1925. © Creative Commons.

Petit retour en arrière : il y a 102 ans, le 26 mai 1923, s’élançait le Grand Prix d’endurance de 24 Heures.
L’idée était audacieuse : l’automobile club de l’Ouest avait décidé de faire concourir des pilotes pendant 24 heures d’affilée, testant ainsi leur courage, leur habileté et la résistance de leur voiture. C’est un équipage français qui remporta cette première édition avec les pilotes René Lagache et André Léonard. Ils étaient aux commandes d’une Chenard & Walcker n° 9. Ils couvrirent 128 tours à la vitesse moyenne de 92,064 km/h, une prouesse pour l’époque !
Les constructeurs de renom se lancèrent dans la bataille, Bentley, Alfa Romeo, Ferrari, Porsche…1966 marqua la lutte acharnée entre Ford et Ferrari. Les pilotes, ces héros modernes, repoussaient les limites de la vitesse et de l’endurance. Au fil des décennies, de nouveaux records furent établis, les voitures hybrides firent leur apparition, alliant performance et respect de l’environnement.

Cette Porsche 917K a été pilotée par Steve McQueen's dans le film "Le Mans" sorti en 1970.
Cette Porsche 917K a été pilotée par Steve McQueen’s dans le film « Le Mans » sorti en 1970. © Creative Commons.

Steve McQueen y tourna un film consacré au duel qui opposa Ferrari et Ford pendant des décennies. Le tournage de « Le Mans » commença le 7 juin 1970, soit une semaine avant la 38e édition des 24 heures. Le film connut une gloire éphémère. Si Steve McQueen n’a jamais couru au Mans, Paul Newman, pilote expérimenté, fut 2e au classement général des 24 heures 1979 au volant d’une Porsche 935.

À voir :

  • L’enceinte gallo-romaine, quadrilatère irrégulier de 450 m de long sur 200 m de large, a protégé pendant plus de quinze siècles la vieille ville.
  • Un ensemble thermal antique, en fonction entre les années 50 et 275 ap. JC. En été, visites libres et gratuites proposées. Aller directement au 28 avenue Rostov-sur-le-Don.
  • Cathédrale Saint-Julien, place Saint-Michel.
  • La Cité Plantagenêt à la lueur des lampions.

Hôtel Leprince – Spa****
Au cœur du Mans, Leprince Hôtel et Spa, Best Western Premier Collection, 4 étoiles est situé au sein de l’ancien couvent de la Visitation, bâti au XVIIIe siècle.
www.leprince-hotel-spa.com

www.lemans-tourisme.com

Texte : Michèle Lasseur
Photos : Sylvain Grandadam sauf mention
Photo d’ouverture : Michèle Lasseur