Depuis le 6 décembre 2023, une réforme de la législation fédérale sur la protection du patrimoine amérindien, oblige les établissements à recueillir l’accord des tribus concernées pour exposer leur patrimoine. La mise à jour, en décembre, des règlements régissant à la fois l’exposition de matériel amérindien et sa restitution aux nations indigènes qui en ont fait la demande a donné une nouvelle force à la loi de 1990 sur la protection et le rapatriement des tombes amérindiennes (Native American Graves Protection and Repatriation Act ou NAGPRA). Le mouvement en faveur du respect, de la collaboration et de la reconnaissance des cultures amérindiennes comme étant vivantes et florissantes n’est pas nouveau. De nombreux musées américains de toutes sortes avaient déjà investi de manière significative dans des relations plus collaboratives avec les cultures amérindiennes.

Le musée Peabody d’archéologie et d’ethnologie de Harvard, le Field Museum de Chicago et le Metropolitan Museum of Art de New York ont également pris des mesures pour masquer les objets aux visiteurs. La fermeture de milliers de mètres carrés d’un seul coup, est un signal fort qui montre que l’heure de la prise en compte de la culture indigène par les musées américains a enfin sonné.

Le Peabody, qui conserve de manière notoire des milliers de restes humains amérindiens, a confirmé qu’il retirait de son exposition les objets funéraires amérindiens. Une enquête de ProPublica publiée en décembre a expliqué en détail comment le musée a utilisé les lacunes de la loi NAGPRA pour refuser le rapatriement des restes abénaquis (appelés aussi Wobanakis, peuple appartenant à la famille linguistique et culturelle algonquienne) vers leurs communautés d’origine pendant près de 30 ans.

Masque funéraire provenant de la culture Calima en  Colombie.  V - Ier siècle avant J. C. Metropolitan Museum of Art. © B Postel.
Masque funéraire provenant de la culture Calima en Colombie. V – Ier siècle avant J. C. Metropolitan Museum of Art. © B Postel.

La date butoir du 10 janvier 2029 fixée par la nouvelle réglementation pour la restitution des restes humains et des objets funéraires aux groupes autochtones qui en font la demande met en garde des musées comme le Peabody de Harvard, qui a traîné les pieds pour répondre à des demandes de ce type, dans certains cas depuis des dizaines d’années.

Compte tenu de cette réforme, les musées ne pourront plus exposer ou mener des recherches sur des objets d’importance culturelle sans le consentement de la nation autochtone à laquelle ils se rapportent. Ce qui était déjà une pratique habituelle dans de nombreuses institutions américaines depuis plusieurs années. Il suffit de penser au Musée d’histoire naturelle du Smithsonian ou au Musée national des Indiens d’Amérique du Smithsonian, qui a ouvert ses portes en 2004 dans le but express de mettre fin à l’exposition anthropologique de la culture amérindienne et de rendre le récit aux nations autochtones vivantes auxquelles ces histoires appartiennent.

Aujourd’hui, le musée amérindien du Smithsonian est un phare de la créativité et de la résilience amérindiennes, où les cultures anciennes, représentées par de nombreux objets artistiques dialoguent avec la création contemporaine de ces peuples. 

Texte : Brigitte Postel