Au carrefour de la Touraine, de l’Anjou et du Poitou, la ville de Richelieu est un exemple unique en France d’urbanisme du 17e siècle.
Située dans le département d’Indre-et-Loire, la ville, ou plutôt le bourg (1700 habitants), entourée de remparts protégés par des douves, se présente sous la forme d’un rectangle d’environ 600 mètres sur 400 mètres. On y entre par une des trois portes. Le village est classé aux monuments historiques, mais reste un lieu habité et vivant.
Armand-Jean du Plessis, Cardinal de Richelieu (1585-1642), puissant prince et ministre du roi Louis XIII, celui qu’Aramis dans les Trois Mousquetaires, désigne comme le « Duc Rouge », a un projet. Construire une ville nouvelle, là où se trouve le château familial. En 1631, il obtient l’autorisation du roi Louis XIII de bâtir un « bourg clos de murailles et de fossés ». Et à l’emplacement de la propriété familiale où il a passé son enfance, un château ceint d’un vaste parc (475 ha) entouré de murs.
Il en confie la construction à l’architecte star de l’époque : Jacques Lemercier (1585-1654), auteur de la coupole de la Sorbonne et du Palais Royal à Paris. Et il lui donne son nom qui sonne comme une trompette : Richelieu (riche-lieu).
Un site remarquable, aux portes du val de Loire
Régularité et symétrie caractérisent cette « cité idéale », remarquablement conservée, aujourd’hui site classé. Des terrains, dans la future « Grande Rue », furent donnés par Richelieu à ses amis, des nobles de son entourage. À charge pour eux de construire dans les deux ans un hôtel particulier, selon des règles précises pour préserver l’harmonie architecturale de la rue. 28 hôtels particuliers (14 de part et d’autre) sont érigés. Chaque extrémité de la rue aboutit à une place : la place Cardinale (actuelle place du Marché) et la place Royale (actuelle place des Religieuses). Un exemple exceptionnel d’urbanisme avec les halles surmontées d’une charpente en châtaignier, l’église du 17e siècle, les remparts et le parc abritant jadis le château…
L’empreinte du Cardinal de Richelieu
L’ombre du grand homme plane sur la ville tel un bienfaiteur. Tout chante la gloire de son fondateur : une statue, un musée, et des plaques pour remercier sa générosité.
Pour avoir sa cour près de lui, le vieux château familial des du Plessis n’est plus à la hauteur. Il est rasé et remplacé par un bâtiment digne de son rang : avec une façade de plus de 110 mètres de long précédée d’une cour d’honneur entourée de galeries à portiques… et un parc ceint de 7 km de murs. Le château, orné de deux cents statues antiques, a inspiré Versailles. Pour La Fontaine « Le tout y est d’une magnificence, d’une grandeur, dignes de celui qui l’a fait bâtir ».
Confisqué à la Révolution, vidé de son mobilier et de ses œuvres d’art, il est restitué en 1804 par Napoléon Ier à Armand Emmanuel du Plessis, duc de Richelieu et à ses deux demi-sœurs. Pour cause de mésentente entre les héritiers, le domaine (château et parc de 400 ha) est racheté un an plus tard par un marchand de bien qui démolit le château et revend les pierres.
Restent aujourd’hui l’entrée d’honneur à l’ouest, le manège aux chevaux (appelé « le dôme »), les caves et l’orangerie. En passant par l’entrée latérale, on salue la statue de Richelieu et on suit une allée bordée de marronniers qui conduit à une roseraie, ancien emplacement du château. Ce site est classé au titre des monuments historiques depuis 1930.
Cette même année, Armand, marquis de Jumilhac, duc de Richelieu, sans héritier, lègue le domaine à l’Université de Paris, en souvenir du Cardinal, Proviseur et Rénovateur de la Sorbonne. Avec une condition : l’ouverture du parc au public (une centaine d’hectares sur 475).
L’espace Richelieu
On peut remonter l’histoire et aller voir la reconstitution du château en 3D dans l’Espace Richelieu aménagé dans un des anciens hôtels particuliers bordant la Grande Rue. Escalier d’honneur, grande galerie, salle des devises, appartements du Cardinal, appartements du Roi, de la Reine et de ses dames de compagnie… Ce qui a existé n’est plus.
L’hôtel particulier situé au 28, Grande Rue fut classé au titre des monuments historiques en 1992. Il avait été construit sur un terrain donné par le cardinal, d’après un plan type défini par l’architecte Jacques Lemercier. Le comédien Gérard Klein le racheta en 1996 et le fit entièrement restaurer. La municipalité de Richelieu en fit l’acquisition en mai 2005 pour y aménager un centre d’interprétation sur cette cité remarquable, sur le château disparu reconstitué en 3D et sur le cardinal.
Office de tourisme – Place du Marché
37120 Richelieu / 02 47 58 13 62
www.azay-chinon-valdeloire.com
Texte : Michèle Lasseur
Lecture très intéressante qui incite les curieux à la visite de ces lieux