Il est une cité romantique, baignée de lacs, où les palais bruissent encore des fastes des Maharanas. Nous sommes à Udaïpur, capitale du plus vieux royaume du Rajasthan, le Mewar.


Entourée de montagnes verdoyantes où les maharanas chassaient le tigre à dos d’éléphant, Udaïpur est un bastion Rajput fondé au XVIe siècle pour protéger ses habitants des attaques mogholes et de leurs tendances suicidaires. En effet, ces célèbres guerriers se battaient à mort tandis que leurs femmes et leurs enfants s’immolaient quand la défaite s’avérait imminente. La légende raconte qu’un sage, afin d’éviter ces massacres, aurait conseillé au maharana Udai Singh II d’établir son fief dans ce site réputé imprenable, au cœur de la chaîne des Arawalli. C’est ainsi qu’au XVIe siècle, naquit le City Palace, le plus grand palais du Rajasthan.

Surnommée la « Venise de l’Orient », cette ville enchante par son architecture somptueuse, ses palais de marbre, et son atmosphère empreinte d’histoire. Udaïpur fut longtemps le siège du royaume de Mewar, l’un des plus anciens et prestigieux de l’Inde. Aujourd’hui, elle attire voyageurs et rêveurs, fascinés par la grandeur de ses palais, tels que le City Palace, le Lake Palace ou le Jag Mandir, qui semblent flotter sur les eaux scintillantes des lacs.

Le City Palace : citadelle des rois du Mewar

Inde. Udaïpur. ce bateau traditionnel richement décoré transporte les visiteurs pour une croisière pittoresque au pied du City Palace dans un décor évoquant le faste des maharana. B. Postel.
Inde. Udaïpur. Ce bateau traditionnel richement décoré transporte les visiteurs pour une croisière pittoresque au pied du City Palace dans un décor évoquant le faste des maharanas. B. Postel.


De granit et de marbre, cette aérienne forteresse longue de 244 m et haute de plus de 30 m, est un enchaînement labyrinthique de terrasses, de kiosques, de couloirs, d’escaliers, de patios, de jardins, de pavillons que chaque maharana a ajouté au fil des siècles.

Inde. Udaïpur. Un petit balcon en encorbellement s’avance discrètement depuis la façade sur une cour intérieure du City Palace, tel un écrin suspendu dans l’air. Porté par de fines consoles sculptées, il semble flotter au-dessus du vide. Des fresques émaillées contant des fragments de vie à la cour ornent ses parois latérales. B. Postel.
Inde. Udaïpur. Un petit balcon en encorbellement s’avance délicatement depuis la façade de la cour du paon du City Palace, tel un écrin suspendu dans l’air. Porté par une fine console sculptées, il semble flotter au-dessus du vide. Des fresques émaillées et sculptées dans la pierre illustrent des personnages de la cour. B. Postel.

Le monumental palais révèle ainsi ses secrets depuis 1952, année où quelques salles furent ouvertes au public. L’entrée se fait par la Bari Pol (1600) et la Tripolia Pol (1725) avec ses huit arches en marbre sculpté. De palais en jardins, tout est pensé pour exalter les sens, le plaisir, la beauté : Manak Mahal, le palais de rubis, Bari Mahal, un jardin à la moghole créé au XVIIIe, Dilkusha Mahal, le palais de la joie, Chini Chitrashala, le salon chinois recouvert de faïences hollandaises, Moti Mahal, le palais des perles, Shish Mahal, le palais des miroirs.
L’ensemble, décoré dans les styles rajput et moghol, est un peu décati, baroque à souhait et d’une surprenante harmonie.

Une partie du palais a été transformée en musée, accessible aux visiteurs. Ce musée expose des objets historiques, des peintures miniatures, des armes, des vêtements royaux et bien sûr les somptueux décors originaux du palais. Une autre partie du City Palace reste la résidence privée de la famille royale d’Udaïpur. Lakshyaraj Singh Mewar assume désormais la direction des affaires familiales depuis le décès de son père Shri Arvind Singh Mewar en mars 2025. Tandis que son cousin Vishvaraj Singh Mewar a été reconnu comme le chef symbolique de la famille royale de Mewar en 2024. Ils est considéré comme l’héritier de l’une des plus anciennes dynasties royales au monde. Bien qu’il ne détienne plus de pouvoir politique, il joue un rôle actif dans la préservation du patrimoine culturel du Mewar.

Inde. Udaïpur. City Palace. Deux femmes en sari de soie regardent le paysage extérieur depuis une salle du palais. B. Postel.
Inde. Udaïpur. City Palace. Deux femmes en sari de soie regardent le paysage extérieur depuis une salle du palais. B. Postel.


Enfin, d’autres bâtiments du palais ont été reconvertis en hôtels de luxe, comme le Shiv Niwas Palace et le Fateh Prakash Palace, qui permettent aux visiteurs de vivre une expérience princière tout en générant des revenus pour l’entretien du complexe. Le tout est géré par l’actuel descendant de cette lignée du Mewar, plus ancienne que la famille d’Angleterre.

Inde Udaïpur. Cour intérieure du City Palace ou Badi Charur Chowk. B. Postel.
Inde Udaïpur. Cour intérieure du City Palace ou Badi Charur Chowk. B. Postel.


Inde. Udaïpur. La façade du City Palace se déploie comme une dentelle de pierre taillée, rythmée par une succession de balcons en encorbellement, appelés jharokhas, qui surgissent en légère avancée au-dessus du vide. B. Postel.
Inde. Udaïpur. La façade du City Palace se déploie comme une dentelle de pierre taillée, rythmée par une succession de balcons en encorbellement, appelés jharokhas, qui surgissent en légère avancée au-dessus du vide. B. Postel.


Le Palais du lac : un joyau flottant

Inde. Udaïpur. le Jag Niwas, un chef-d’œuvre d’architecture rajput, entièrement construit en marbre blanc et orné de cours intérieures, colonnades, fontaines et vitraux colorés. B. Postel.
Inde. Udaïpur. le Jag Niwas, un chef-d’œuvre d’architecture rajput, entièrement construit en marbre blanc et orné de cours intérieures, colonnades, fontaines et vitraux colorés. B. Postel.

Juste en face du City Palace, au milieu du lac Pichola, le Jag Niwas semble flotter sur l’eau. Aujourd’hui, ce palais de marbre blanc est un des fleurons de la chaîne hôtelière Taj, connu sous le nom de Taj Lake Palace. Et sans nul doute un des hôtels les plus romantiques d’Inde.

Inde. Udaïpur. Le Jag Niwas à la lumière du couchant. B. Postel.
Inde. Udaïpur. Le Jag Niwas à la lumière du couchant. B. Postel.

Le Jeune maharana Jagat Singh II (règne : 1734–1751) – 62e souverain de la dynastie Mewar – l’aurait fait construire au XVIIIe, entre 1743 et 1746, pour s’y réfugier tranquillement avec quelques dames, son père lui ayant refusé d’utiliser le palais Jag Mendir (palais du jardin du lac construit par son aïeul), pour ses frasques. Il voulait un lieu de villégiature estivale, loin de la chaleur écrasante de la ville, et choisit ce petit îlot au cœur du lac Pichola pour y faire bâtir un palais d’une beauté saisissante, entièrement conçu en marbre blanc. Au crépuscule, le ciel au-dessus du lac Pichola se teinte de rose. La lumière oblique, filtrée par l’air chaud du Rajasthan, caresse les façades de marbre blanc qui semblent s’embraser doucement. Le lac, paisible miroir, prolonge ce spectacle céleste, et tout Udaïpur s’enveloppe dans une lumière irréelle, comme figée dans un rêve.

Le Jag Mandir, havre de paix des Maharajas

Inde. Udaïpur. Vue aérienne sur le Jag Mandir Island Palace.
Inde. Udaïpur. Vue aérienne sur le Jag Mandir Island Palace.

Tout débute au XVIIe siècle, sous le règne de Maharana Karan Singh. L’empereur moghol Shah Jahan, encore prince rebelle nommé Khurram, se révolte contre son père, l’empereur Jahangir. Traqué, affaibli, il trouve refuge à Udaipur. Plutôt que de céder à la peur ou à l’opportunisme politique, le Maharana lui offre l’hospitalité sur une île paisible du lac. Pour l’accueillir dignement, il fait édifier un pavillon gracieux, aux colonnes finement sculptées, que l’on baptisera plus tard Gul Mahal. Quelques décennies plus tard, son successeur, Maharana Jagat Singh I, complète l’ensemble en construisant le palais que nous voyons aujourd’hui. Il lui donne son nom : Jag Mandir,  » le temple du monde « .

Inde. Udaïpur.  Les éléphants sculptés de l’entrée du Jag Mandir . B. Postel.
Inde. Udaïpur. Les éléphants sculptés de l’entrée du Jag Mandir. B. Postel.

L’élégant édifice, tout ajouré de coupoles et de balcons, a été orienté de manière à ce que la brise du lac vienne rafraîchir les cours intérieures et les jardins, enveloppant les lieux du subtil parfum des lotus. De précieuses miniatures, dont les détails ont été réalisés à l’aide d’un unique poil d’écureuil, ornent les appartements et disent tout le raffinement de l’école de peinture du Mewar. La famille royale a utilisé le palais comme lieu de villégiature d’été et pour organiser des fêtes. Le palais a servi de refuge aux demandeurs d’asile à deux reprises. Le pittoresque Jag Mandir Island Palace accueille aujourd’hui voyageurs d’affaires, touristes et célébrités du monde entier pour des cérémonies et événements d’importance.

Texte et Photos : Brigitte Postel

Y aller

Shanti Travel propose un voyage au Rajasthan en petit groupe incluant la visite d’Udaïpur. 13 jours à partir de 1600 €, hors vols internationaux et taxes d’aéroport.
https://www.shantitravel.com/fr/voyage-inde/immersion-au-rajasthan-en-petit-groupe