Dans ce pays où le feu des volcans couve sous les glaciers, le voyageur découvre une île sauvage et mystérieuse, décor de laves arides illuminé par une flore boréale. Visite dans les jardins du diable.
C’est la plus jeune terre de notre planète, à peine 60 millions d’années. Située à mi-chemin entre le vieux continent et l’Amérique, cette île hautement volcanique est un condensé de leçon de géologie à ciel ouvert. Une œuvre d’art toujours en évolution où les geysers, les chutes d’eau, les glaciers, les déserts de basalte, les plages de sable noir sont les tableaux toujours mouvants d’une nature indomptée. L’air, le feu, la glace en sont les artistes.
Vous l’aurez compris : arriver en Islande, c’est un peu comme atterrir sur une autre planète ! Dès la sortie de l’aéroport, l’environnement est lunaire. De chaque côté de la route qui mène à la capitale, Reykjavík, seulement des champs de lave noire, à perte de vue. Mais surtout ce qu’on remarque d’emblée, c’est l’absence de végétation arborescente. Il existe pourtant bien quelques minuscules endroits boisés de bouleaux et de sorbiers qu’ici on nomme pompeusement « forêts », mais il faut les chercher. Une vieille blague locale assure d’ailleurs que pour voir la limite d’une forêt islandaise, il suffit de se mettre debout ! Ces forêts font partie d’un programme gouvernemental de reboisement et sont même clôturées pour les protéger de la voracité des moutons qui se promènent en totale liberté dans l’île.
Dans ces déserts de pierres et de cendres, la moindre plante prend alors des allures de pionnière.
Tout d’abord les lichens, première forme de vie végétale. Avec 500 espèces dénombrées, ils sont une composante majeure de la flore islandaise. Dans les failles et les chaos nés des effondrements de laves visqueuses, de fines particules de terre (le lœss) transportées par le vent ont été piégées en quantité suffisante pour permettre leur implantation. Cette obstination de la vie, on la rencontre dans les endroits les plus inattendus de l’île. Du littoral rocheux arrosé par les embruns aux hauts plateaux du centre, battus par les vents et les pluies cinglantes. La plus connue, l’épilobe arctique, perce le lit caillouteux des rivières taries, offrant ses fleurs d’un pourpre rare au visiteur de passage.
L’orchidée verte du Nord, au parfum discret, s’accroche aux versants herbeux des basses terres ou sur les coulées de lave de l’intérieur et l’élyme des sables est un défi aux cendres arides soufflées des volcans.
Ailleurs, dans les lieux plus humides, s’épanouissent les grandes angéliques, une ombellifère aux feuilles très découpées dépassant 1,60 m, et qui laisse peu de place à ses compagnons que sont les pissenlits ou l’oseille des prés.
Quant aux zones d’eau stagnantes de faible profondeur, elles font le lit de la gentianelle des marais, de la renoncule boréale ou des si délicates linaigrettes dont les plumets blancs oscillent au gré des vents.
Tout au Nord, juste en dessous du Cercle polaire, la côte est plus accueillante qu’on ne pourrait l’imaginer. Etés presque chauds et hivers doux, la deuxième ville d’Islande, Akureyri, est réputée être la plus belle ville du pays. Elle abrite un beau jardin botanique où sont réunies les 440 espèces de plantes à fleurs existant en Islande dont 200 ayant résisté aux glaciations. Cette flore constitue l’un des intérêts majeurs de l’île pour les botanistes et un but de voyage pour tous les amoureux des fleurs.
Peu d’Islandais oseraient affirmer qu’ils ne croient pas aux elfes et aux trolls. Car pour eux, la nature toute entière est habitée par le « huldufólk », le peuple caché. Certaines familles leur construisent une petite maison dans leur jardin pour les amadouer : tous ne sont pas bienveillants, alors autant s’attirer leurs bonnes grâces ! Les elfes sont sensés habiter des grottes, des collines ou des roches isolées, et la mémoire de ces lieux très respectés se transmet de génération en génération. Quant aux trolls, ils ont une particularité : ils commettent leurs mauvais coups la nuit, surtout pendant les très longues nuits de l’hiver islandais ; mais lorsqu’ils sont retardés et se font surprendre par le soleil levant, ils sont à tout jamais transformés en pierre !
Copyright Texte et Photos : Brigitte Postel
Icelandair assure des vols quotidiens Paris/Reykjavik
magnifique
Inattendue leçon de botanique dans un désert de lave…
🙂
Merci pour le suivi.
Bonne semaine