À La Riche, à 3 km de Tours, le prieuré St-Cosme, fut fondé au 11ème siècle pour accueillir les pèlerins en route pour le pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle. Ce fut la demeure de Ronsard, prieur de 1565 à 1585.
Le logis du prieur, construit au milieu du XIVe siècle, est un musée consacré à Ronsard (1524-1585), au poète, à sa passion pour la botanique, les fleurs et le jardinage. Il y disposait d’une chambre, d’une pièce de réception et d’un cabinet de travail que l’on a agrémenté de mobilier Renaissance.
Le visiteur s’arrête devant de grands livres sonores posés sur des pupitres. On écoute des extraits de poèmes ou de musiques qui, hélas, sont en français moderne. On apprend que Salvador Dali ou Henri Matisse ont illustré « Les Amours », un recueil de poèmes publié en 1560.
Des bâtiments autour du cloître, seul le réfectoire des chanoines est doté de 14 vitraux contemporains, signés par le peintre Zao Wou-Ki (1920-2013). Un peintre qui sait dialoguer avec les poètes, il avait illustré les poésies de René Char (1907-1988).
Très sobres, créés à l’encre de Chine, les vitraux sont constitués de taches rouges, noires ou grises. Ils ont été inaugurés en juillet 2010.
Poète de cour
Ronsard avait été nommé en 1558 poète officiel de la cour, avec le titre de conseiller et d’aumônier ordinaire du roi. Ce qui lui ôta tout souci matériel. Courtisan, sans doute, car au XVIe siècle le rôle officiel du poète des rois était de chanter ses louanges.
Avec Joachim Du Bellay (1522-1560), il fonda la Pléiade, un groupe de poètes qui voulait privilégier la langue française face au latin. Dans la grande pièce, le pupitre « Artisan des mots » fait entendre ces travaux d’enrichissement de la langue.
Il était déjà loin le temps où il avait rencontré Cassandre à Blois, lors d’un bal… le 21 avril 1545. Fille d’un banquier italien, elle avait 14 ans. Ronsard en fût tout de suite amoureux mais il était déjà tonsuré… et ne pouvait donc pas se marier. Il lui dédia le recueil « les amours de Cassandre » (paru en 1552) et la célèbre ode :
« Mignonne, allons voir si la rose
Qui ce matin avait éclose
Sa robe de pourpre au Soleil,
A point perdu cette vêprée
Les plis de sa robe pourprée,
Et son teint au vôtre pareil… »
Vers 1580, il se retira à Saint-Cosme. Quand il devint prieur commendataire. Il fit fortifier les lieux et y reçut Charles IX et Catherine de Médicis, loin du tumulte de la cour.
Le prieuré Saint-Cosme était installé au sein d’un territoire cultivé pour assurer la subsistance de la communauté. Le verger avec une centaine d’arbres (cerisiers, pommiers, abricotiers, pêchers…) est l’avant-poste des jardins. Lauriers, fleurs, herbes et légumes sentent bon. On peut penser que Ronsard cultivait ici les légumes et les fruits du verger. On y trouvait les plantes alors à la mode : artichauts, asperges, choux … L’artichaut est alors un met si exceptionnel – il a été introduit en France par Catherine de Médicis (1519-1589) -, que c’est un privilège d’en manger. Ronsard le met à l’honneur dans ce court sonnet :
L’artichô et la salade
L’asperge et la pastenade
Et les pompons tourangeaux (1)
Me sont herbes plus friandes
Que les royales viandes
Qui se servent à monceaux
De nos jours, 9 jardins dits « Jardin remarquable » sur 2 hectares, avec 200 variétés de roses, rendent hommage au poète.
Si le Prieuré était grand ouvert vers le paysage, l’espace du logis du prieur est clos. Visible depuis le cabinet de travail de Ronsard, le potager est exotique avec de belles plantes venues de loin, des légumes anciens (arroches, chicorées, poirées), des herbes fraîches et des plantes aromatiques.
Ronsard meurt à 61 ans, au prieuré le 27 décembre 1585 et est inhumé dans l’ancienne église, dont il ne reste que l’arc gothique et des chapiteaux romans. La tombe de Ronsard y fut découverte fortuitement par des ouvriers en 1933 dans le chœur. Il repose désormais sous une nouvelle dalle funéraire, au milieu de la végétation. Sur la pierre tombale, cette inscription :
Ronsard repose ici, qui, hardi dès l’enfance,
Détourna d’Helicon les muses en la France,
Suivant le son du luth et les traits d’Apollon.
Mais peu valut sa muse encontre l’aiguillon
De la mort, qui cruelle en ce tombeau l’enserre :
Son âme soit à Dieu, son corps soit à la terre.
Accès :
Le prieuré est situé à La Riche, près de Tours. Accessible en bus (ligne 3A) ou en voiture depuis le centre-ville de Tours.
Il est la propriété du Conseil départemental d’Indre-et-Loire.
www.touraine.fr
1 – une variété de melon
Exposition
RonsART et les arts : du 22/6 au 22/9/2023
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Texte : Michèle Lasseur