Au Nord de Pretoria, capitale de l’Afrique du Sud, vit une des branches principales du peuple ndebele. Le rituel du mariage se déroule en trois parties, chacune d’elles ayant ses spécificités.
Les habitudes vestimentaires des Ndebele sont extrêmement codifiées. Chaque parure signe un statut ou un âge social et chaque nouvel accessoire ajouté ou retiré est la marque d’un pallier franchi.
Jusqu’au mariage, la jeune fille arbore une tenue légère et relativement « sexy » qu’on retrouve chez les Zulu et Xhosa et qui consiste en une simple jupette perlée et un collier bustier découvrant une partie des seins, lui aussi en perles de verre.
Le mariage est organisé entre les familles des futurs époux. La première étape est le labola. Comme dans beaucoup de sociétés africaines, une dot doit être offerte par le prétendant à sa future femme. Celle-ci peut être payée en plusieurs fois, en argent et en bétail, le premier acompte devant intervenir avant le début des noces. Les négociations matrimoniales entre les deux groupes de familles sont un long processus qui comprend la présentation de six à huit têtes de bétail et qui ne sera définitivement conclu que longtemps après la naissance du premier enfant. La résidence conjugale est celle de l’époux et les nouvelles mariées ( omak jothi ) participent à la cuisine, au travail des perles et même à l’éducation d’autres petits enfants de divers ménages dans la propriété familiale. Les épouses sont tenues d’observer toute leur vie la coutume de l’ukuhlonipha ou « respect » pour leurs beaux-pères (évitement physique, tabou du prénom, etc.).
Dès que la date du mariage est fixée, la deuxième étape est l’éloignement de la mariée pendant deux semaines. Une retraite rituelle au domicile de ses parents. Durant cette période d’initiation, la jeune fille prépare de gros cerceaux ou golwani (ou isigolwani) pour chevilles et jambes. Ces cerceaux colorés sont obtenus en enroulant de l’herbe et du coton autour d’une bobine que l’on fait bouillir dans de l’eau sucrée pour les durcir. Ils sont ensuite séchés au soleil avant d’être recouverts de rangs de perles de verre. Les anneaux de jambe rendant les mouvements difficiles, la jeune fille doit être soutenue pour les enfiler et se lever. Ces anneaux se déclinent aussi en bracelets et en d’imposantes parures rondes qu’on superpose pour se recouvrir entièrement ou partiellement les bras, les jambes, la taille et le cou. Ils sont portés par la jeune femme au sortir de sa cérémonie d’initiation… ou par la jeune mariée dont l’homme n’a pas encore achevé la construction de sa maison. Il arrive aussi que des femmes plus âgées les portent par goût ou pour attirer les touristes.
Durant cette période de retrait, la jeune fille ne peut recevoir que des visites des membres de sa famille et les femmes lui apprennent comment être une bonne épouse. Elle porte alors un tablier nuptial, le liphotu, composé de deux battants symbolisant les époux et d’une frange de pompons de perles évoquant les enfants espérés.
L’étape suivante commence à la naissance du premier enfant, considéré comme l’apogée du mariage. Après son accouchement, la jeune femme a le droit de porter le tablier de perles ijogolo (ou itshogolo), dont les cinq pans figurent une mère entourée d’enfants. Le motif coloré d’une habitation moderne équipée de fenêtres, de portes et d’un toit en pente indique l’importance de la maison et de la famille pour les Ndebele, ainsi que le désir d’un mode de vie plus moderne.
Mariage conclu
Après la naissance du premier enfant, le futur marié envoie une lettre à la famille de la mariée pour demander une date pour finaliser le paiement du labola. Il doit ensuite acheter un mouton, des couvertures et quelques vêtements pour la famille de la jeune fille. Les parents du marié rendent ensuite visite aux parents de la mariée et paient la dot, après quoi ils emmènent la future mariée dans leur famille. Qu’ils soient urbains ou ruraux, les mariages ndebele comportent aujourd’hui une cérémonie coutumière (ngesikhethu) ainsi qu’une cérémonie chrétienne. Le mariage est célébré rituellement en présence des membres de la famille qui assistent à la prononciation des vœux de mariage et à l’échange des bagues. L’ijogolo est également porté par toutes les femmes mariées pendant la cérémonie de mariage. Après la cérémonie religieuse, le couple met des vêtements traditionnels et se rend avec les invités au domicile de la nouvelle mariée pour le repas de noce, après quoi des cadeaux sont offerts aux jeunes mariés. Pendant la cérémonie, la jeune femme reste enveloppée d’une couverture rouge appelée nguba qui indique son statut d’épouse.
Une fois qu’elle intégrera le toit de son époux, elle pourra enrichir sa panoplie du fameux Idzila, le collier à spirales en laiton qui vaut aux Ndebele de partager avec les femmes Kayan de Birmanie, le surnom de « femmes girafes ».
En savoir plus : https://www.southafrica.net/za/en/travel/article/culture-and-expression-of-identity-the-ndebele-of-south-africa
Texte : Brigitte Postel
Photos : Wiki Commons et R. Barbier